Qu'ont-ils fait, eux, pour mériter ça ? Si le prince Felipe doit un jour prochain monter sur le trône d'Espagne, c'est une monarchie en piteux état dont il héritera de son père le roi Juan Carlos Ier...
Son épouse Letizia avait beau avoir dégainé une petite robe noire moulante des plus sexy et un maquillage et une coiffure des grands soirs, ce sont huées et quolibets qui attendaient le prince et la princesse des Asturies à l'Opéra de Barcelone jeudi (30 mai 2013). Venus en toute élégance assister à une représentation de L'Elixir d'amour de Donizetti dans une mise en scène de Mario Gas et avec notamment à l'affiche l'exceptionnel ténor Rolando Villazon, Felipe et Letizia ont essuyé une averse de haine, faisant les frais de la défiance grandissante des Espagnols à l'égard de la monarchie, plombée par divers scandales ces deux dernières années. Après une première salve à l'extérieur, recevant à la sortie de leur voiture et à l'entrée de l'établissement une première bronca heureusement contre-balancée par des applaudissements plus habituels, ils n'étaient pas au bout de leurs peines : "des huées plus importantes", comme le note l'AFP qui consacre une dépêche à l'incident, les ont accompagnés à leur loge.
Les photos n'en laissent rien paraître, le couple princier affrontant l'opprobre avec des sourires bien rodés. Mais, en vidéo, à la faveur des images diffusées à la télévision espagnole, on constate effectivement que cette apparition officielle ne faisait pas l'unanimité... Étonnant quand on sait que les sorties en grande pompe de la charmante Letizia d'Espagne (qui a néanmoins ses détracteurs, notamment ceux qui lui tiennent rigueur de son goût pour la chirurgie esthétique ou lui prêtent un gros appétit de pouvoir) exercent en règle générale une forme de fascination. Raté, pour le coup. A l'issue de la représentation, le prince et la princesse des Asturies ont été bien mieux accueillis au foyer de l'Opéra, allant saluer la troupe. Felipe s'est mis en évidence en prononçant un bref discours en espagnol et en catalan, en présence des dirigeants du Liceo.
Ce camouflet reçu au Liceo de Barcelone s'avère d'autant plus inattendu que le prince et la princesse des Asturies sont à l'heure actuelle ce qu'il reste de plus sain au sein de la famille royale, et que leurs missions officielles sont d'ordinaire accueillies avec chaleur. Le roi Juan Carlos Ier, icône de l'avènement de la démocratie en Espagne après la dictature franquiste, a de manière inédite perdu une partie de l'adhésion de ses compatriotes à la suite de plusieurs scandales, en particulier son voyage privé (secret) au Botswana pour chasser l'éléphant au printemps 2012, qui s'est soldé par un accident, une hospitalisation et des excuses publiques (du jamais vu !). Mais aussi le lourd dossier Noos, importante affaire de détournement de fonds dans laquelle son gendre Iñaki Urdangarin est mis en examen et sa fille Cristina d'Espagne inquiétée. Sans parler de son ex-maîtresse Corinna qui s'est copieusement invitée dans les médias au coeur du cyclone...