Ça commence mal ! Si Emmanuel Macron pensait frapper un grand coup en nommant une femme Première ministre à la tête de son gouvernement, le chef de l'Etat doit déjà faire avec une première polémique. Damien Abad, venu des rangs de la droite et nommé ministre des Solidarités, est accusé de viols. Il dément fermement.
Déjà quatre jours de polémique... Le nouveau gouvernement formé par Elisabeth Borne démarre sur une mauvaise note. La cause ? Les très graves accusations portées contre Damien Abad, ancien patron des députés Les Républicains, désormais ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées. Deux femmes l'accusent de viols, des faits qui se seraient produits en 2010 et 2011. C'est le site Médiapart qui a révélé l'affaire samedi 21 mai. Une des plaignantes a déposé plainte en 2012 et 2017 mais la justice a systématiquement classé la plainte sans suite, "après une enquête préliminaire, faute d'infraction suffisamment caractérisée", précise l'AFP.
La nomination de Damien Abad au gouvernement - Elisabeth Borne a affirmé dimanche 24 avoir tout découvert des faits supposés la veille - fait tousser la classe politique. Il faut dire qu'un signalement pour des faits présumés de viols avait été adressé à LREM et LR par l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique... Malgré cela, il a tout de même été enrôlé dans le gouvernement qui a refait de l'égalité femmes-hommes la grande cause de ce second quinquennat.
Le principal intéressé, qui souffre d'arthrogrypose qui l'handicape aux bras, nie les accusations. "Je n'ai jamais violé une seule femme de ma vie. Un homme innocent doit-il démissionner ? Je ne crois pas. Je conteste les accusations à mon encontre avec la plus grand fermeté", a-t-il réagi lundi 23 mai. Se retranchant derrière son handicap physique pour expliquer que les accusations portées contre lui étaient impossibles, il a souligné dans Le Figaro que les législatives des 12 et 19 juin seraient le "juge de paix".
Le handicap du ministre peut-il l'empêcher d'avoir un comportement inapproprié ? Pour Muriel, son ancienne aide-soignante du temps où il était député européen, cela joue forcément. "Il a besoin des bras des autres. Il ne peut même pas boutonner une chemise, mettre des chaussettes, lacer et mettre ses chaussures... Il ne peut pas dégrafer quoi que ce soit. Maintenir une personne, il ne peut pas (...) A mon avis, il faut que la personne soit consentante pour avoir des relations sexuelles avec lui (...) Je ne vois pas comment il peut procéder, comment il peut la déshabiller. C'est impossible qu'il ait pu faire ça tout seul", a-t-elle déclaré à RMC. Une des accusatrices a relaté avoir eu une relation consentie avec le ministre en janvier 2011, "puis contrainte, empreinte d'irrespect, d'injonction et d'insistance".
Damien A bad a reçu, pour l'heure, le soutien officiel du gouvernement. "La justice est la seule à devoir ou à pouvoir trancher", a déclaré la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, estimant qu'il lui revenait d'"établir la vérité" tout en rappelant la "tolérance zéro" du chef de l'Etat et de la Première ministre pour les délinquants sexuels.
Pour rappel, le sort de l'équipe d'Elisabeth Borne est suspendu à l'issue des législatives. La moitié des membres du gouvernement (14 sur 28) sont en lice et ceux qui sont battus devront, à peine arrivés, déjà quitter le gouvernement. Damien Abad est candidat dans la 5e circonscription de l'Ain, il affrontera notamment Florence Pisani, candidate de la Nupes (l'union des gauches).