Comment un petit garçon de deux ans et demi, entouré par ses grands-parents et huit de ses oncles et tantes, a-t-il pu disparaitre dans un jardin, en pleine journée ? Si la question parait simple, la réponse l'est beaucoup moins : depuis trois semaines désormais, les enquêteurs recherchent désespérément le petit Émile au Haut Vernet, sans que celui-ci n'ait réapparu.
Et pour eux, la pression médiatique et celle de tous les proches du garçonnet doit commencer à être difficile. "C'est une phase psychologiquement très dure pour les enquêteurs. Je n'aimerais pas être à leur place", a d'ailleurs témoigné Éric Emeraux, ancien patron de la section de recherche de Montpellier qui a répondu à nos confrères de Midi-Libre.
Mais pas question pour lui, ni pour aucun des policiers sur place, d'abandonner si vite surtout vu l'âge du petit garçon recherché : "On peut avoir des hauts et des bas, mais de là à être découragé pour une disparition d'enfant, je ne l'ai jamais vu", détaille en effet un enquêteur de la PJ, resté anonyme. "Avec un enfant de deux ans, ce n'est pas possible de se relâcher, ça nous touche trop." Un point de vue partagé par un commissaire, également interrogé : pour lui, la trentaine de personne qui travaille sur le dossier doit "subir une pression énorme, parce qu'il s'agit d'un enfant, et que tout repose sur eux".
D'ailleurs, tous sont d'accord : désormais, il va falloir ne pas céder à cette pression, "garder la tête froide" et "un oeil critique" malgré la famille, qui a besoin d'un véritable "soutien" : "C'est une situation terrible : il y a un soutien à apporter à la famille, une relation nécessaire pour l'enquête et pour les proches de l'enfant, qui ont besoin de se rattacher à ceux qui s'occupent de retrouver leur enfant. Mais il faut aussi rester objectif, et être certain qu'on ne nous cache rien. Cela oblige parfois à être assez intrusif avec des gens qui sont en pleine détresse", expliquent les professionnels.
Surtout que dans le cas du petit Emile, la famille est un clan particulier : renfermé, très pieux et même décrit comme "sectaire" par certains, le clan maternel ne communique pas avec l'extérieur. Un silence qui pourrait être "le résultat de leurs échanges avec les enquêteurs", selon les policiers interrogés, qui craignent la "désinformation" des "charlatans qui les contactent et qui les polluent".
Et l'enquête s'annonce encore longue : même si le village ne contient que 25 maisons, que toutes ont déjà été fouillées et que les habitants ont été interrogés, les gendarmes ont encore beaucoup de données à étudier. Plus de 1600 téléphones auraient en effet borné dans la zone à ce moment-là et les fouilles ont désormais repris, avec des drones spécialisés et des chiens entraînés.