Visé par une plainte ayant entraîné l'ouverture d'une enquête préliminaire, Dominique Strauss-Kahn a répondu par le biais de son avocat et se défend des accusations portés à son encontre. Et son conseiller va plus loin, assurant que son client est une victime dans l'histoire.
En juin dernier, Jean-François Ott, actionnaire de LSK, Leyne Strauss-Kahn & Partners, déposait plainte pour "escroquerie", "abus de biens sociaux" et "faux" contre les anciens administrateurs de la société, aujourd'hui en faillite, et dont le passif s'élèverait à plus de 100 millions d'euros auprès de 150 clients. Il affirmait avoir souscrit à une augmentation du capital de LSK via sa société chypriote Roxanna, à hauteur de 500 000 euros, mais qu'on lui avait présenté une situation financière bien plus positive que la réalité.
L'avocat de DSK, Jean Veil, a affirmé à l'AFP ce vendredi que son client avait lui même été dupé et qu'il n'était pas au courant de la véritable situation financière de LSK qui avait été déclarée en faillite en novembre 2014. Par le passé déjà, l'ancien dirigeant du FMI avait affirmé que son ancien associé Thierry Leyne, le dirigeant de LSK qui s'était suicidé quelques semaines avant la faillite du fonds d'investissement en novembre 2014, avait contracté "une série d'emprunts excessifs".
Me Jean Veil pointe également du doigt l'augmentation de capital, qu'il juge "suspecte puisque Thierry Leyne, ami de longue date de M. Ott, s'était engagé à racheter les actions souscrites trois mois plus tard avec une plus-value de 20%". Par ailleurs, il affirme que DSK n'était pas présent, tout comme d'autres administrateurs de LSK lors d'un conseil d'administration où avait été acceptée l'augmentation de capital de Roxanna.
"Dominique Strauss-Kahn n'a pas participé au conseil d'administration du 18 juillet 2014, au cours duquel a été décidée l'augmentation de capital de Roxanna. Il n'était pas présent et ce n'est pas sa signature qui figure" sur le procès-verbal, explique à l'AFP l'avocat, qui affirme qu'"il s'agit d'une signature électronique apposée à son insu". Et Jean Veil d'ajouter : "D'ailleurs, la signature d'un certain nombre d'administrateurs semble être aussi une signature électronique."
Dans une note au parquet faite par Jean Veil dès le mois de juillet et consulté par l'AFP, il souligne que Dominique Strauss-Kahn avait lui même investi dans LSK après la hausse de capital de Roxanna, une souscription qui l'"exonère (...) de toute suspicion d'avoir connu la réalité de la situation de LSK". Par ailleurs, Me Veil indique que DSK avait rencontré Jean-François Ott, ancien PDG du groupe d'investissement et de promotion immobilière Orco et "vieil ami de Thierry Leyne", une seule fois, lors d'un séminaire à Deauville en septembre 2014. DSK "garde le souvenir pénible d'un importun le pressant d'intervenir auprès de ses relations institutionnelles dans les pays d'Europe de l'Est pour l'aider à régler ses difficultés financières locales", peut-on lire dans sa note au parquet de juillet dernier, dans laquelle Jean-François Ott n'apparaît pas sous son meilleur jour.
Et ce samedi 17 octobre, on apprend que Dominique Strauss-Kahn lance une procédure en dénonciation calomnieuse, une procédure qui visera également la société de Jean-François Ott et qui sera déposée la semaine prochaine auprès du procureur de la République de Paris, selon Me Veil.