"Chez moi, ma propre famille est un peu plus grande en ce Noël" : ravie de rassembler à nouveau les siens autour d'elle dans son fief de Sandringham (Norfolk) pour les fêtes de fin d'année, la reine Elizabeth II n'a pas fait de mystère, dans sa traditionnelle allocution de Noël, quant à la joie que le petit prince George de Cambridge a fait entrer dans sa maison (royale).
En instance de devenir arrière-grand-mère pour la quatrième fois avec la naissance imminente du premier enfant de Zara Phillips et Mike Tindall (bébé qui succédera à ses cousins Savannah et Isla Phillips et George de Cambridge), la monarque a mis le petit roi en puissance au coeur de ses voeux. Absent de la messe de Noël à laquelle ses parents le prince William et Kate Middleton ont pris part à Sandringham, mais aussi de la table du repas de Noël en raison de son jeune âge, le prince George, né le 22 juillet dernier et baptisé en octobre, est plus que jamais inscrit dans la vie de la monarchie.
Sacrifiant à une tradition conviviale en vigueur depuis le 25 décembre 1932 et les mots alors inédits prononcés par le roi George V depuis un bureau de Sandringham ("Je m'adresse présentement à vous tous depuis chez moi et du fond du coeur"), Elizabeth II, 87 ans, a accordé une place considérable au tout jeune héritier : "Comme tant d'entre vous le comprendront, a-t-elle déclaré, l'arrivée d'un bébé offre à chacun la chance d'envisager le futur avec une joie et un espoir régénérés. Pour les jeunes parents, la vie ne sera plus jamais la même ! Comme pour tous ceux qui sont baptisés, George a été baptisé dans la foi joyeuse d'une mission et d'un service chrétiens. Après la cérémonie du baptême, nous nous sommes réunis pour la photo traditionnelle. C'était un moment de bonheur, rassemblant quatre générations." Le message enregistré par la reine est d'ailleurs entrecoupé, entre autres, d'images de ce grand jour, tandis que le fameux portrait historique qu'elle mentionne est posé à côté d'elle sur un secrétaire.
Et de poursuivre en disant : "Durant l'année à venir, j'espère que vous aurez le temps de vous accorder des moments pour méditer calmement." Un voeu rejoignant l'incipit de son discours : "J'ai connu, par le passé, un homme qui a passé un an dans le plâtre à se remettre d'une opération du dos. Il lisait beaucoup, et pensait beaucoup, et se sentait malheureux. Plus tard, il s'est aperçu que cette période de retraite forcée du monde l'avait aidé à mieux comprendre le monde. Nous avons tous besoin de trouver le juste équilibre entre l'action et la réflexion. Avec tant de sujets de distraction, il est aisé d'oublier de s'arrêter pour faire le point. Qu'il s'agisse de contempler, de prier, ou même de tenir un journal, nombreux sont ceux qui ont trouvé la pratique de la réflexion personnelle, au calme, étonnamment enrichissante, allant jusqu'à découvrir une profondeur spirituelle insoupçonnée dans leur vie."
Précisant que la réflexion peut prendre bien des formes, notamment celle des souvenirs joyeux et de la mémoire des défunts que l'on partage en famille à Noël, la souveraine a adressé comme chaque année ses pensées et sa gratitude à tous ceux qui ne peuvent être avec leurs proches, en particulier les soldats et les bénévoles. "Moi-même, j'ai eu matière à réfléchir, cette année, en l'abbaye de Westminster, sur la promesse de servir que j'ai faite en cette magnifique église le jour de mon couronnement soixante ans en arrière, a-t-elle encore confié. Cet anniversaire m'a remis en mémoire les changements remarquables qui sont survenus depuis le couronnement, en mieux pour la plupart, mais aussi les choses qui sont restées constantes, comme l'importance de la famille, l'amitié et la bonne entente entre voisins."
Se projetant vers les Jeux du Commonwealth 2014 organisés par Glasgow l'été prochain et dont elle a célébré cette année le départ du relais du bâton symbolique, Elizabeth II a également effectué subtilement un passage de témoin à son héritier le prince Charles, au rôle de plus en plus important, soulignant ses récents propos au Sri Lanka sur les liens familiaux du Commonwealth. Une famille comme les autres, où on peut avoir des opinions différentes et les défendre sans compromettre le lien affectif et le partage.