Pour la première fois, les Francofolies qui réveillent chaque été La Rochelle, le Québec ou la Belgique ont pris leurs quartiers, le temps d'une soirée événement, à New York. Dans le cadre fabuleux du Beacon Theatre (que connaît bien Johnny Hallyday), le festival organisait une soirée hommage à Edith Piaf dont l'histoire est intimement liée à cette ville bouillonnante. Sur scène, pas moins d'une vingtaine d'artistes dont Olivia Ruiz, Elodie Frégé et Nolwenn Leroy et des Anglo-Saxons comme Beth Ditto.
La Môme new-yorkaise
Presque 50 ans après sa mort, New York rend hommage à la Môme. Edith Piaf y est venue pour la première fois en 1947. Si les débuts sont difficiles, et même décourageants, Piaf finira par imposer son 1,47 mètre, sa voix unique dans le coeur des Américains et chanter dans les plus belles salles comme le Carnegie Hall. New York, c'est aussi la ville où elle rencontre l'amour de sa vie, le boxeur Marcel Cerdan. C'est aussi la ville où elle perdra cet amour, mort dans un accident d'avion alors qu'il venait la rejoindre, le 27 octobre 1949. Plus tard, Piaf épousera à New York un autre homme, le chanteur Jacques Pills. Marlene Dietrich sera son témoin.
Pour honorer Edith Piaf, les Francofolies ont vu grand, ont vu beau. Sur scène, une pléiade d'artistes à la complicité évidente, à commencer par trois révélations de la Star Academy qui ont su construire des carrières qui leur ressemblent : Elodie Frégé (toujours plus fatale), Nolwenn Leroy (nouveau poids lourds des charts) et Olivia Ruiz (unique et palpitante). Dans leur sensibilité à fleur de peau ou dans leur oubli fiévreux sur scène, dans leur voix fragile ou puissante, ont retrouve un peu de la Môme. À leurs côtés, de jeunes talents en plein boom comme Zaz, Camélia Jordana, Alex Hepburn et Emmanuel Moire ; d'autres déjà installés malgré leur jeune âge comme Christophe Willem et Coeur de Pirate. Des artistes anglo-saxons francophiles comme la chanteuse de jazz Madeleine Peyroux, Harry Connick, Jr., la rockeuse Beth Ditto et une Duffy transformée par sa longue chevelure brune. Jean-Louis Aubert, Angélique Kidjo et Patrick Fiori ont également répondu présents pour ce concert présenté par l'acteur François-Xavier Demaison. Les caméras de France 2 ont immortalisé ce magnifique concert qui fera l'objet d'une diffusion prochaine.
Deux invités d'honneur, deux absences
Deux talents particuliers ont illuminé ces premières Francofolies de New York : Charles Dumont et Patricia Kaas. Le premier est un des derniers collaborateurs d'Edith Piaf pour qui il a coécrit des chansons immenses comme Non, je ne regrette rien et Mon Dieu en 1960. La seconde vit et respire Piaf depuis plus d'un an avec un spectacle hommage, mêlant chansons, théâtre et danse intitulée Kaas chante Piaf. Patricia Kaas fait le tour du monde depuis presque un an avec son show et a répondu avec le plus grand plaisir à l'invitation du festival. Ce jeudi soir, elle chantera de nouveau à New York, seule en scène cette fois-ci, au Town Hall.
Seul ombre au tableau de ces Francos, l'absence de deux icônes. Charles Aznavour, que Piaf avait découvert en 1946 et emmené en tournée outre-Atlantique, a annulé sur un coup de tête. Il déclarait à ce propos dans Télé Loisirs : "On m'avait dit qu'il y avait Quincy Jones et finalement, il n'y est pas. Au bout d'un moment, les mensonges, j'en ai marre !" Du coup, l'immense Charles qui publiera bientôt une livre intitulé Tant que battra mon coeur assistera à l'ouverture de la première ambassade arménienne au Vatican. L'autre absence de ces Francofolies est celle de Marianne Faithfull, pour raisons de santé. L'inoubliable interprète de Broken English s'est cassé le sacrum et a dû renoncer à de nombreux engagements.