La semaine passée, la France se recueillait pour le triste premier anniversaire de l'attentat de Charlie Hebdo. Un massacre durant lequel douze personnes avaient trouvé la mort, parmi lesquelles Georges Wolinski, dont la veuve Maryse et la fille Elsa se sont confiées à Paris Match.
Jusqu'aux attentats du 13 novembre, Elsa Wolinski assure avoir vécu "comme un automate". Puis le Bataclan, le Stade de France et les terrasses des cafés ont tout changé. "Avant, contrairement à ma mère, je n'étais pas en colère. Maintenant, ça y est. Et, d'après le psy, c'est très bien", confie à Paris Match la fille du dessinateur. "Réagir, c'est continuer de vivre comme nous l'entendons", ajoute sa mère Maryse, qui durant l'année écoulée a eu l'impression "d'avoir été un soldat qui, chaque matin, partait pour un nouveau combat" et en a profité pour écrire un livre.
Tout cela reste si surréaliste, si triste
Une autofiction où se mêlent récit autobiographique et enquêtes et dans lequel Maryse Wolinski pointe les manquements à la sécurité. "Comme tous les livres de mes parents, il m'a d'abord mise mal à l'aise, puis dérangée, puis... j'ai souffert", explique Elsa. Avant d'ajouter : "C'est un livre d'amour bouleversant. Tout cela reste si surréaliste, si triste !"
Si, pour Maryse, une étape a été franchie lorsqu'elle a quitté l'appartement qu'elle occupait avec son époux, laissé tel quel durant un an, comme "un mausolée", Elsa Wolinski reconnaît que, grâce à ses filles Lilah et Bianca (10 et 6 ans), son père n'a jamais vraiment disparu : "Chez moi, l'absence de mon père n'existe pas vraiment : mes filles lui parlent, en parlent. L'autre jour, l'une d'elles a dit : 'Si Georges était là, je lui apprendrais à dessiner des vêtements parce qu'il ne savait dessiner que les femmes nues.' Elles le font vivre."
Mon père, la personne qui me donnait le plus de tendresse
Elle-même continuera de faire vivre son père à travers un projet qu'elle avait depuis longtemps avec Georges Wolinski, "des culottes brodées avec les dessins de papa". Trois dessins qu'ils avaient choisis la veille du 7 janvier. "Enfin ! Toutes les femmes m'auront sur les fesses !", disait-il à sa fille. Mais pour Elsa, qui a rendu hommage à sa manière à son père, loin de la cérémonie officielle marquée par une énorme faute d'orthographe au nom Wolinski qui avait provoqué la colère de Maryse, "l'absence charnelle" de son père est difficile à supporter "parce qu'il était la personne qui me donnait le plus de tendresse".
Maryse et Elsa Wolinski, une interview croisée à retrouver dans les pages de Paris Match du 14 janvier 2016