Depuis 2008 et le jeu ridicule affiché lors de l'Euro, l'équipe de France de football va mal. Très mal. De qualifications honteuses pour la Coupe du Monde 2010 (remember la main de Thierry Henry ?), en passant par le scandale sexuel de certains joueurs tricolores (remember Zahia ?), et enfin le fiasco absolu du Mondial (pas de jeu, ambiance pourrie dans le groupe, refus de s'entraîner), l'équipe de France a littéralement implosé, et au-delà de recréer une équipe, c'est tout un staff et une image qu'il faut redorer.
Exit donc Jean-Pierre Escalettes et Raymond Domenech. Et welcome Laurent Blanc, alias "Le Président" !
Aujourd'hui, le nouveau sélectionneur donnait sa première conférence de presse officielle. Il allait expliquer son projet dans les grandes lignes et annoncer les noms du staff qui allait encadrer la future équipe de France.
Si certaines questions comme la présence future ou non au sein des Bleus des meneurs d'hommes "néfastes" lors du Mondial (Patrice Evra, William Gallas, Franck Ribéry ou Eric Abidal) n'ont pas été directement soulevées - Laurent Blanc préférant regarder devant et non derrière -, Jean-Michel Larqué se chargera dès demain de régler leur compte aux Bleus, en publiant un ouvrage sur le naufrage de l'équipe sous forme de brûlot anti-FFF et intitulé "Les secrets d'un fiasco". Il avait déjà publié une autiobiographie en janvier 2010, Vert de Rage, dans laquelle il adressait déjà des commentaires acerbes aux dirigeants du football français et taclait violemment Raymond Domenech.
Mais revenons au concret, à ce que nous a appris "Le Président" lors de ce premier point presse. Après s'être présenté devant les journalistes, l'ancien entraîneur bordelais a lu une lettre écrite à l'avance dans laquelle il réaffirme - si besoin était - son attachement et son amour au maillot bleu. Lors d'un discours pour le moins convenu, Laurent Blanc s'est dit "très fier d'être là comme sélectionneur de l'équipe de France", avant de poursuivre sur son expérience : "Joueur, j'y ai connu des moments pénibles (non qualifications pour les Coupes du Monde 1990 et 1994, ndlr), mais aussi des moments forts (victoires à la Coupe du Monde 1998 - revoir son but ci-dessus - et à l'Euro 2000, ndlr). A moi de lui rendre ça. Mon attachement à l'équipe de France n'est plus à démontrer, il est total. J'avais l'opportunité à l'intersaison de m'engager sur d'autres challenges sportifs. Mêmes les récents événements n'ont jamais remis en cause ce sentiment."
Concernant la future équipe qu'il dessine petit à petit dans son esprit : "Ma démarche sera de retenir les meilleurs joueurs. L'objectif ne sera pas loin quand l'équipe retrouvera du plaisir à jouer. Rigueur, discipline, plaisir, ces mots ne sont pas incompatibles. Je prends l'équipe de France telle qu'elle est. Je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé en Afrique du Sud. J'ai été déçu par le bilan sportif, mais j'ai aussi déçu par certains comportements. J'ai toujours eu des principes, pas seulement dans ma vie sportive."
A propos du futur staff de l'équipe de France, étant donné que des négociations sont toujours en cours, tout n'a pas été confirmé, mais Laurent Blanc travaillera aux côtés de son assistant à Bordeaux - Jean-Louis Gasset -, Alain Boghossian devrait rester en place dans l'organigramme de la FFF, Marino Faccioli (ancien directeur administratif de l'Olympique Lyonnais) sera de la partie, ainsi que deux hommes d'expérience des années 90 : Henri Emile (coordinateur sportif) et Philippe Tournon (chef de presse). Laurent Blanc tient d'ailleurs à préciser : "Ma réflexion première, en ce moment, va pour constituer mon staff technique et médical. Les personnes qui seront avec nous, seront totalement avec nous, et affiliées à aucun club (le préparateur physique des Bleus sous l'ère Domenech - Robert Duverne -, travaille toute l'année pour l'OL, ndlr)."
Après la communication catastrophique de Raymond Domenech, que nous réserve "Le Président" ? "Je veux avec les médias des relations dépassionnées, professionnelles, respectueuses, courtoises. Je n'envisage pas une équipe de France en vase-clos, coupée du monde. Il faut faire un effort, et je pense que le football doit s'ouvrir. On n'a qu'à voir l'exemple d'autres sports collectifs qui ont des résultats."
Son regard sur le fiasco collectif des Bleus en Afrique du Sud : "Ce qui m'a le plus déçu et choqué, c'est le comportement du groupe, lors de l'entraînement ouvert aux médias, à 48 heures d'un 3e match contre l'Afrique du Sud. Les responsables sont nombreux. Les conséquences ont été multipliées. Quant à savoir s'il y aura des sanctions, ce n'est pas une décision que je peux prendre. Je ne suis pas devenu sélectionneur pour devenir le Père Fouettard de l'équipe de France. Je dois leur inculquer le meilleur état d'esprit possible. Je vais être jugé sur les résultats." Avant de lâcher tout de même : "On aurait pu penser qu'après la Coupe du Monde, un sélectionneur puisse s'appuyer sur un noyau de joueurs. Mais après ce qui s'est passé, le noyau n'a même pas la taille d'un pépin de melon ! La première partie de mon travail va être de trouver un noyau fort, qui, sportivement, nous garantisse un certain niveau de jeu, mais aussi au niveau du comportement."
En analysant ses nombreux non-dits, il risque donc d'y avoir quelques changements : "Je n'ai pas encore choisi l'identité de mon capitaine. Il est possible, pour les matches à venir, que le brassard tourne".
A noter également que Laurent Blanc sera l'invité exceptionnel du journal de 20h, demain soir, sur TF1, et qu'il répondra à toutes les questions de Laurence Ferrari.
Et pour les Bleus ? Rendez-vous le 11 août, sur un terrain, pour un match amical en Norvège...
Adam Ikx