
"Il y a vingt ans, quand on a acheté cette maison, située non loin d'une maison de retraite et d'un cimetière, on en rigolait beaucoup avec Jean-Pierre. Je lui disais : comme tu as 17 ans de plus que moi, je te mettrai à la maison de retraite quand tu seras en chaise roulante. Et quand tu ne seras plus là, je pourrai aller te voir tous les jours au cimetière ici !" Ainsi Nathalie Pernaut avait-elle éclairci dans Gala en mai 2022, deux mois après la mort de son mari, la question de son lieu de sépulture…
C’est qu’après la disparition du journaliste, les rumeurs avaient fusé bon train. Était-il enterré en Picardie, à Amiens, sa ville natale ? Ou à Bouvaincourt-sur-Bresle, dans la Somme, où ses parents et grands-parents sont inhumés ? Non, avaient répondu les autorités communales de cette petite bourgade dans un communiqué après que les fans et les curieux avaient envahi les lieux.
Ce n’est donc pas en Picardie mais en Île-de-France, à Louveciennes, commune des Yvelines comptant moins de 10 000 habitants que repose le journaliste qui aurait fêté ce 8 avril ses 75 ans. Et en ce qui concerne cette dernière demeure, le verbe reposer semble on ne peut plus approprié…

La charmante petite ville, bien que située à une dizaine de kilomètres seulement des portes de la capitale, présente tous les aspects d’un bourg de province. Perchée sur les hauteurs d’une colline surplombant la Seine, la ville borde le magnifique domaine national de Marly, ancienne propriété royale ainsi que la forêt domaniale de Louveciennes : deux poumons verts aux portes de Paris. Au centre de la ville, bâtie sur les pentes de la colline, une vieille église jouxte une placette. Un décor pittoresque qui a inspiré de nombreux peintres.
Le cimetière de la ville est à son image : arboré, calme, propret et joliment désuet. Nathalie Pernaut soulignait d’ailleurs dans l’interview qu’elle avait accordée à Gala que lorsque la famille avait décidé d’y prendre une concession afin qu’elle et les enfants puissent aller rendre visite au journaliste disparu aussi souvent qu’ils le voulaient, il n’y restait qu’une place : "Jean-Pierre l'a eue", concluait-elle.
Le lieu, dans lequel repose aussi Ludovic Chancel, le fils de Sheila, a la particularité d’être bâti sur le point culminant de la ville, au pied de l’un de ses plus célèbres monuments qui lui a d’ailleurs donné son nom : le cimetière des Arches. Ces arches, ce sont celles de l’aqueduc le long duquel les sépultures sont alignées. Un bâtiment gigantesque qu’avait en son temps fait ériger Louis XIV afin d’acheminer les eaux de la Seine jusqu’à son château voisin de Marly et, plus loin, jusqu’à celui de Versailles où elles irriguaient les célèbres fontaines.


C’est donc là, au pied de cette énorme bâtisse de 643 mètres de long et de 20 mètres de haut que repose Jean-Pierre Pernaut. Le cimetière de Louveciennes ne compte quasiment pas de caveaux. Les défunts gisent sous de simples pierres tombales posées à même le sol. Tout à l'extrémité septentrionale, se trouve celle de l’ancien présentateur du Journal de 13h. Une tombe qui détonne parmi les autres sépultures…
Si la grandeur de certaines personnalités, passées de vie à trépas, se mesure à celle du monument funéraire qui abrite leurs restes, à l'instar de celui érigé en l'honneur de Michel Berger et France Gall, il n’en est rien concernant Jean-Pierre Pernaut. Au contraire. Sa dernière demeure semble être le reflet de celui qu’il fut. Un homme simple, qui aimait la vie et ses joies, sa famille et sa dernière épouse.
"J'ai la chance de me rendre presque tous les jours au cimetière", déclarait cette dernière à Gala deux mois après sa disparition. Est-ce encore le cas aujourd’hui, trois ans après sa mort ? Un bouquet de fleurs fanées permet d'en douter, reste que la tombe est très bien entretenue et ornée de nombreux végétaux et objets au point que l’ensemble, hétéroclite, donne l’impression d’un joyeux désordre bigarré.

On trouve bien sûr les traditionnelles plaques, dont celle qu’ont choisie ses confrères, en forme de télé, au centre de laquelle se trouve une photo de l’ancien présentateur du 13h, au-dessus de ces mots : "À notre journaliste adoré". Deux autres ont été posées par Nathalie. Sur la première on peut lire : "Sans toi, mon amour, nos parties ne seront plus les mêmes. Tu me manques." Trois cartes de tarot sont représentées sur l’ornement, laissant deviner à quels jeux s’adonnait le couple.
Sur la seconde, l’épouse du journaliste a fait graver "À mon amour, Jean-Pierre" au-dessus d’une photo de voitures de course : autre passion qu’affectionnait notre regretté confrère. Sur un coin de la pierre tombale, trône ainsi une coupe gagnée sur le circuit de Nogaro en 2023, probablement par Tom, le fils cadet de Jean-Pierre, qui comme Olivier, son fils aîné, a hérité de l’amour de leur père pour la course automobile…
Ses enfants et ses petits-enfants n’ont bien sûr pas manqué de lui rendre hommage. Sur des petits ornements gris en forme de gros cailloux, ils ont écrit leur prénom : Tom, 21 ans et sa grande sœur Lou, 22 ans nés de son union avec Nathalie. Et Olivier, 43 ans et Julia 46, fruit de ses amours avec Dominique Bonnet, sa première épouse. Eléa et Léo, deux de ses petits-enfants, ont aussi laissé leur empreinte auprès de leur grand-père. Et il y a bien sûr un caillou au nom de Nathalie, qui peu après la mort de son homme, avait dû déplorer un ignoble vol commis sur sa tombe.


Elle est partout. Parmi les nombreux cœurs présents sur le monument funéraire, côtoyant une peinture des tours de la cathédrale Notre-Dame et des pots de fleurs contenant des roses blanches, une grosse sculpture en bois a été gravée. On peut y voir une colombe portant dans son bec un rameau d’olivier. Sur l’oiseau, trois lettres inscrites : JPP. Elle se dirige à tire-d’aile vers une couronne ornée d’un prénom… celui de Nathalie. Le roi du 13h avait sa reine.
"Je suis catholique pratiquant et j'ai la foi", avait affirmé deux ans avant sa mort Jean-Pierre Pernaut au Parisien. Afin d’honorer sa croyance, une sobre croix en bois verni s’élève au-dessus de sa tombe sur laquelle de très nombreux anges sont disposés. Deux d’entre eux sont munis de mini panneaux solaires. Lorsque l’ombre vient, ils s’éclairent. Comme deux lumières, dans la nuit que traverse Nathalie depuis la disparition de Jean-Pierre. En janvier dernier, candidate du programme The Island, elle se confiait sur les raisons qui l’avaient poussée à tenter cette aventure de survie. "Si je suis ici, expliquait-elle, c’est parce que c’est difficile de faire le deuil de mon mari… Rien que d’en parler j’ai envie de pleurer."