Ce nouveau chapitre dans l'affaire des accusations à l'encontre de Jean-Jacques Bourdin (72 ans) fait l'effet d'une bombe. On connaît désormais le nom de celle qui accuse le célèbre animateur de RMC et BFMTV depuis qu'elle s'est livrée à Mediapart, des révélations publiées ce 14 février 2022 : il s'agit de Fanny Agostini. Dans l'enquête réalisée par le site, celle qui a présenté Thalassa de 2017 à 2019 confie ce qui l'a poussé à franchir le pas et à raconter ce qu'il se serait passé en 2013, quand elle avait 24 ans.
Selon Mediapart qui a obtenu plusieurs témoignages de femmes, anonymes ou pas comme celui de Fanny Agostini mais aussi de Sidonie Bonnec, un événement revient à chaque fois : l'interview de Nicolas Hulot que Jean-Jacques Bourdin avait menée en 2018, lorsque l'ancien ministre voulait anticiper la sortie de l'enquête du magazine Ebdo sur des accusations de violence sexuelle. Ces femmes parlent de "déclic" voire "d'électrochoc". Fanny Agostini déclare : "Il a été super complaisant, on avait l'impression qu'il compatissait, ça m'a fait serrer les dents. Je me suis dit : est-ce que c'est normal ce que j'ai vécu ? Est-ce que les femmes doivent supporter ça ?" Sa consoeur Sidonie Bonnec aussi a été marquée, se disant effarée : "Je voyais cet homme qui avait eu un comportement inapproprié avec moi en interroger un autre de manière complètement empathique, compréhensive sur un sujet tellement grave ! Les femmes n'y existaient pas. J'étais déçue et en colère."
Ancienne présentatrice météo de RMC-BFMTV, Fanny Agostini a gardé cet épisode en mémoire et il a ressurgi, nourri par les récentes affaires Hulot et PPDA. Le 10 janvier 2022, la jeune femme de 33 ans et maman d'un enfant avec son mari Henri Landes, décide, après "mûre réflexion" de se rendre au commissariat du XVIe arrondissement pour déposer plainte pour "tentative d'agression sexuelle" contre Jean-Jacques Bourdin, précise Mediapart. Une plainte dont avait eu connaissance Le Parisien qui avait alors contacté Fanny Agostini. "Je ne suis plus une jeune journaliste effrayée de perdre mon poste et je sais que je n'avais pas à subir ce que j'ai subi", déclarait-elle à l'époque au quotidien, tout en demandant de conserver pour le moment son anonymat. Sur Twitter, elle a réagi à l'article de Mediapart : "Pour donner une réponse aux demandes d'interview que je reçois : j'ai déjà tout confié à Mediapart, je rajoute seulement qu'aujourd'hui, je n'ai plus peur, que je ne suis pas seule-j'invite toutes les femmes qui souffrent et ont souffert en silence à se libérer enfin. Merci infiniment pour tous vos messages."
D'autres témoignages font état d'une autre vision des choses, indique Mediapart. "C'est quelqu'un de très exigeant envers lui-même et envers les autres dans la sphère professionnelle", dit Isabelle Joliot, rédactrice en chef adjointe de Bourdin Direct qui a travaillé presque dix ans avec lui. "Je n'ai jamais vu de sa part un comportement qui puisse prêter à confusion, un geste, ou même un mot, qui m'aurait fait dire que j'aurais préféré ne pas être présente à ce moment-là." Celle qui est aujourd'hui rédactrice en chef d'Elysée 2022, Muriel Pleynet confie quant à elle : "Que Jean-Jacques Bourdin ait la réputation d'être un séducteur, oui. Mais dans le travail, je n'ai jamais assisté à quoi que ce soit de problématique. On n'était pas dans le contexte de TF1 avec PPDA, où il était dit aux jeunes stagiaires de ne pas monter dans l'ascenseur seules avec lui." Enfin, Marc Bombarde, directeur de la gestion des rédactions du groupe de 2002 à 2009, déclare de son côté : "J'étais au courant de beaucoup de choses, mais je n'ai jamais rien entendu concernant un comportement inapproprié de Jean-Jacques Bourdin."
Une enquête a été confiée par le parquet de Paris au commissariat du 16e arrondissement et une enquête interne a été ouverte par Altice, maison mère de BFMTV et RMC. Jean-Jacques Bourdin, écarté temporairement de l'antenne sur BFMTV et RMC, nie les faits dont l'accuse Fanny Agostini. Questionné par Mediapart, Jean-Jacques Bourdin n'a pas répondu. Ni la direction actuelle, ni Alain Weill, n'ont souhaité faire davantage de commentaires pour le moment.
Jean-Jacques Bourdin reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture de l'enquête.