L'affaire Jean-Jacques Bourdin, le journaliste star de RMC et BFMTV, prend une nouvelle ampleur avec le nom et le visage de la femme qui accuse l'animateur de radio et télévision. Fanny Agostini s'est confiée à Mediapart, révélant ce 14 février être à l'origine de la plainte pour "tentative d'agression sexuelle" à l'encontre du présentateur de Bourdin direct. La revue d'investigation a également recueilli d'autres témoignages, certains identifiés comme celui de Sidonie Bonnec, et d'autres anonymes, visant le célèbre animateur. Jean-Jacques Bourdin, écarté temporairement de l'antenne sur BFMTV et RMC, nie les faits dont l'accuse Fanny Agostini. Une enquête a été confiée par le parquet de Paris au commissariat du 16e arrondissement et une enquête interne a été ouverte par Altice, maison mère de BFMTV et RMC.
Selon Médiapart, il y a eu un "déclic" pour les femmes qui l'accusent : l'interview de Nicolas Hulot par l'animateur, en février 2018, sur BFM TV et RMC, peu avant la publication de l'enquête du magazine Ebdo sur les accusations de violences sexuelles contre l'ancien ministre. "Il a été super complaisant, on avait l'impression qu'il compatissait, ça m'a fait serrer les dents", se souvient Fanny Agostini dans Mediapart. "Je me suis dit : est-ce que c'est normal ce que j'ai vécu ? Est-ce que les femmes doivent supporter ça ?"
Fanny Agostini (33 ans) est connue pour avoir été la présentatrice de Thalassa sur France 3 de 2017 à 2019, elle a aussi animé la météo sur RMC et BFMTV. Les faits dont elle accuse Jean-Jacques Bourdin se seraient déroulés en 2013, lorsqu'elle participe à l'Open de pétanque de Calvi, en Corse, où le célèbre présentateur est lui aussi convié. Un matin tôt, elle nage dans la piscine de l'hôtel. Jean-Jacques Bourdin se serait rapproché "très rapidement", l'aurait "attrapée par le cou, sur le côté", et l'aurait "attirée vers lui brusquement" en essayant de l'embrasser "à plusieurs reprises". "Prise de cours", elle dit n'avoir "pas crié", mais s'être "débattue" et être parvenue à sortir de l'eau. D'après ce témoignage publié dans Mediapart, le reporter aurait rétorqué : "J'obtiens toujours ce que je veux." Une phrase qui "a ponctué [ses] cauchemars pendant des années". Et que Fanny Agostini dit avoir a vécu "comme une menace de la part de quelqu'un qui avait un ascendant hiérarchique".
La jeune maman d'un petit Darwin et désormais installée dans une ferme en Auvergne assure ensuite qu'entre septembre 2014 et le printemps 2015, l'animateur lui a adressé, au milieu d'échanges professionnels, de nombreux messages à connotation sexuelle. Comme celui du 27 novembre 2014, que Mediapart dit s'être procuré, reçu sur son mail professionnel : "Tu me tentes tous les matins... J'aime ton regard". Jean-Jacques Bourdin n'a pas répondu à Mediapart, qui dit l'avoir sollicité sur tous les témoignages.
Parmi les autres témoignages de Mediapart, se distinguent celui de la journaliste Sidonie Bonnec, animatrice sur France 2 (Tout le monde a son mot à dire) et France Bleu. Journaliste en herbe désirant faire de la radio, elle est conviée à un festival à Calvi par Jean-Jacques Bourdin en 2010. L'époux d'Anne Nivat, selon les dires de la jeune femme, lui assure qu'elle sera logée à l'hôtel. Mais avant le départ, il l'aurait appelé pour lui dire que l'hôtel est plein et que par "chance", il "a une villa avec un ami". Il aurait ajouté : "Il y a une piscine, n'oublie pas ton maillot de bain". "Cette phrase m'a coupé les jambes", dit-elle à Mediapart, "ce n'était plus professionnel du tout". Arrivée à l'aéroport avec son compagnon, elle raconte avoir aperçu Jean-Jacques Bourdin qui se serait contenté de leur adresser un salut "de loin". "Après cela, je n'ai plus jamais eu de nouvelles. Evidemment je n'ai jamais eu le job", souligne la compagne du réalisateur et producteur Jérôme Korkikian et maman de deux enfants.
Jean-Jacques Bourdin reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture de l'enquête.