La sanction est tombée. John Galliano, jugé pour insultes à caractère raciste, a entendu le procureur requérir une peine d'amende "pas inférieure" à 10.000 euros. Après la plaidoirie de son avocat, qui n'a pas nié les faits qui étaient reprochés à son client, le jugement sera rendu le 8 septembre. Galliano s'est levé à la fin de la plaidoirie de son avocat en présentant à nouveau ses excuses, et rejetant tout antisémitisme et regretté les propos très graves qu'il avait proféré, dans un état second.
L'affaire, qui a secoué le monde de la mode en début d'année, a été suivie en direct par une centaine de médias accrédités. John Galliano, qui a plaidé une dépendance à l'alcool et aux médicaments et qui est arrivé par une porte latérale pour éviter les journalistes, risquait jusqu'à 6 mois de prison et 22 500 euros d'amende.
Dès son arrivée devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, l'avocat de John Galliano, Me Hamelle, a déclaré que son client était "anxieux mais soulagé et serein" de se présenter pour s'expliquer face à la justice. Et d'ajouter : "Il a fait deux mois de cure aux Etats-Unis. Il veut présenter des excuses. Se faire pardonner et se reconstruire".
John Galliano, interrogé dans la salle d'audience, a déclaré avec une petite voix presque inaudible ne pas se souvenir très bien ce qu'il s'était passé. Et il est calmement revenu sur cette affaire. "Sur la vidéo, je vois quelqu'un qui est très vulnérable. (...) Cet homme sur la vidéo n'est pas John Galliano. (...) C'est la coquille de John Galliano, c'est quelqu'un qui a été poussé à bout." Il a poursuivi "Toute ma vie, j'ai combattu les préjugés, l'intolérance et la discrimination" d'autant que lui-même, en tant qu'homosexuel, dit avoir subi cette discrimination.
"J'ai fait une cure de désintoxication en Arizona pendant deux mois. Je suis aussi allé en Suisse pour suivre un programme contre l'addiction", a-t-il déclaré. Et d'ajouter qu'il avait commencé à boire de manière régulière en 2007, après le décès de son ami, Steven Robinson, et de ses parents. "Je suis rentré travailler le soir même de l'enterrement. Je n'ai pas eu le temps de faire mon deuil (...). Je mélangeais du valium, des barbituriques, des somnifères et de l'alcool. (...) J'avais des attaques d'angoisse, de panique. Je ne pouvais plus aller travailler sans prendre ces pilules", a-t-il poursuivi en parlant doucement, ce qui rendait le travail du traducteur difficile. Il a calmement avoué cette triple dépendance. Quand le président lui a demandé quel était actuellement son activité, il a déclaré "je n'en ai pas". C'est sans doute la pire des punitions, beaucoup plus grave que les 10.000 euros d'amende demandés par le procureur...
Au banc des plaignants, un couple de Parisiens et une femme de 48 ans, qui accusent le couturier de 50 ans d'avoir proféré des insultes à caractère antisémite. Plusieurs associations, dont la Ligue contre la racisme et l'antisémitisme (Licra) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), se sont constituées partie civile aux côtés des trois plaignants. L'une des victimes, Géraldine Bloch, a témoigné face aux caméras de BFM et a rappelé le déroulé des faits. "Il m'insultait de plus en plus fort en essayant tous les registres potentiels", dit-elle. "D'abord mes vêtements, ensuite mon physique, ensuite que j'étais sale. De sale, il est passé à sale juive", poursuit-elle sur la vidéo. A l'intérieur de la salle de tribunal, elle a ajouté : "Je trouvais la situation tellement injuste, qu'il me pourrisse gratuitement. J'en ai fait presque une affaire de principe". Et de continuer : "Il m'a dit qui il était. Je lui ai dit que cela ne justifiait absolument rien".
Le 24 février dernier, une altercation avait éclaté entre un couple assis à la terrasse du café La Perle à Paris et l'ancien directeur artistique de la maison Dior, licencié depuis. Une autre plainte a ensuite été déposée pour des faits similaires, et une vidéo avait fait surface sur le Web, montrant un John Galliano éméché déclarer son admiration pour Hitler.
John Galliano avait présenté ses excuses publiques mais a depuis été mis sur la touche. Egalement écarté de sa propre maison (qui prépare un défilé pour vendredi soir), John Galliano (détenue par le groupe Dior), il avait quitté la France pour entrer en cure de désintoxication.
S'il est désormais fixé sur son sort dans cette affaire, les ennuis judiciaires ne sont pas terminés pour l'enfant terrible de la mode. Prochaine étape, le procès contre son ancien avocat, Me Zerbib, contre qui il a porté plainte en avril dernier (et l'avocat a fait de même) et qu'il accuse de détournement de fonds.