C'est un monument de la chanson française qui vient de nous quitter. A 79 ans, Georges Moustaki est mort à Nice, dans la nuit du 22 au 23 mai 2013, des suites d'une longue maladie des bronches qui l'avait contraint à quitter la scène en 2009. Le poète à la six-cordes et à la plume mélancolique laisse derrière lui une oeuvre unique composée de standards comme Le Métèque, Ma liberté, Ma solitude ou encore Le Facteur, qui ont marqué plusieurs générations.
Fils d'immigrés juifs grecs, Nassim et Sarah Mustacchi, Georges Moustaki nait à Alexandrie en Egypte, où il passera sa tendre enfance. Amoureux des mots, le jeune Joseph Mustacchi quitte son pays natal pour la France en 1951 lorsqu'il fait une rencontre qui va changer sa vie, celle de Georges Brassens. Véritable mentor, à qui il empruntera même son prénom, ce dernier lui fait alors découvrir les nuits animées de Saint-Germain dans lesquelles il croise Brel ou encore Gainsbourg, qui marqueront le début de son histoire avec la musique. Jeune compositeur, Georges Moustaki offre alors à la grande Edith Piaf l'un de ses classiques, Milord, en 1958. De cette collaboration naîtra une histoire d'amour fusionnelle entre les deux artistes durant laquelle le grand public fait la connaissance du jeune talent.
Dans les années 60, Georges Moustaki poursuivra son ascension dans l'ombre, en écrivant pour d'autres grands noms comme Barbara, avec laquelle il aura une relation amoureuse, Juliette Gréco, Yves Montand ou Serge Reggiani. C'est en 1969 que l'artiste montre enfin sa crinière et sa célèbre barbe avec son oeuvre phare : Le Métèque. Un disque sur lequel figurent les plus grands classiques du poète, revendiquant "le droit à la paresse" comme Le Facteur ou encore Ma solitude qui le sacreront vedette de la chanson.
Ambassadeur de la chanson française, Georges Moustaki entonnera ses textes libertaires dans le monde entier jusqu'à la fin de sa carrière et ce fameux concert de Barcelone, le 8 janvier 2009, durant lequel il est victime d'un malaise. Ecarté des planches par la maladie, ce "tueur silencieux", le poète luttait depuis cette date pour retrouver sa voix. "Je peux les jouer, mais pas les chanter et cela me manque beaucoup. Je ne me suis jamais pris pour un chanteur et il a fallu que je ne puisse plus chanter pour voir le plaisir que j'y prenais. (...) Je l'ai sentie de très près, la mort", confiait-il dans La Croix en novembre dernier.
George Moustaki, qui avait exprimé le souhait d'être "enterré dans le cimetière des libres penseurs d'Alexandrie en Egypte", un mois plus tard sur RTL, avait sorti le 7 mars Éphémère éternité, un "art de vivre décliné en chansons" sorti aux Editions de l'Archipel. Retiré à Nice, celui qui avait soutenu Ségolène Royal en 2007 s'était également consacré à la peinture après Solitaire, son dernier album en 2008 : "Je veux consacrer mon temps à ce qui me fait plaisir, comme je l'ai toujours fait. J'ai envie de vivre ce qui peut encore se présenter." Georges Moustaki laisse derrière lui une fille, Pia, née en 1954 de son union avec Yannick, son unique femme.