Le 18 octobre dernier, Marc-Antoine de Villiers, le petit-fils de l'écrivain Gérard de Villiers, était mis en examen par la justice lyonnaise pour une escroquerie à la Madoff. Le trentenaire vient de passer deux mois derrière les barreaux. C'est d'ailleurs en prison qu'il a appris le décès de son grand-père et il n'a malheureusement pu obtenir de la justice d'assister à ses obsèques. De sa tristesse d'avoir loupé ce rendez-vous à l'affaire dont il dit être l'une des victimes, Marc-Antoine de Villiers, aujourd'hui libéré, parle pour la première fois dans les colonnes du Parisien.
Le geste d'un grand-père
C'est en cellule que Marc-Antoine apprend la mort de son grand-père, auteur de la célèbre saga d'espionnage S.A.S. : "Nous avions des rapports sincères, même si ce n'était pas un homme très câlin, raconte le jeune homme. Il vous montrait son affection par un regard, un sourire. Lorsqu'il a appris ce qu'il m'arrivait et, malgré sa maladie, il a écrit au juge pour dire qu'il se portait caution morale. Il savait que ça ne changerait rien, mails il voulait faire quelque chose. Ça m'a beaucoup touché." Au Parisien, Marc-Antoine de Villiers raconte ses deux mois de prison, ses petits arrangements avec d'autres détenus "pour avoir la paix", ces réveils en pleine nuit par les surveillants, sa balade quotidienne d'une heure dans une cour de 30 m².
Le jeune trader revient aussi sur son parcours et sa rencontre, fin 2010, avec Jean-Pierre Nitkoski qui l'aurait entraîné dans toute cette affaire. "Il se présente comme un riche gérant de fonds d'investissements. Il souhaite me confier la création et l'animation d'une nouvelle équipe de traders. J'accepte." Mi-2012, Marc Antoine de Villiers s'installe avec son équipe à Monaco mais la police ne tarde pas à débarquer, la salle de marché n'ayant pas reçu l'agrément des autorités. Le jeune trader n'y voit qu'un "problème de paperasse" bien que Nitkoski soit placé en détention. "Je demande néanmoins au juge monégasque si je peux continuer de travailler pour la société. Il n'y voit pas d'inconvénient." Marc-Antoine et son équipe disposent de 5 millions d'euros pour investir, ils s'installent à Londres, dans les locaux d'une succursale.
Exelyum dans le collimateur
En juin 2013, tout bascule : "L'Autorité des marchés financiers lance une alerte sur Exelyum, là encore pour défaut d'agrément. Je démissionne. Dans la foulée, j'apprends que la justice lyonnaise a, elle aussi, ouvert une enquête. Je propose aux policiers de venir leur donner tous les documents en ma possession. Mais à mon arrivée, le 15 octobre, je suis placé en garde à vue."
Marc-Antoine de Villiers apprend que la société pour laquelle il travaillait cachait en réalité une escroquerie pyramidale qui aurait fait 600 victimes. Le trader tombe des nues : "Je leur explique que je m'occupais simplement d'investir l'argent, pas de le collecter, comme l'a confirmé plus tard Nitkoski aux enquêteurs." Malgré sa mise en examen pour escroquerie, Marc-Antoine de Villiers garde confiance : "Ma libération prouve que la justice comprend peu à peu que je suis une victime au même titre que les clients floués."
À la justice de trancher. Tous les protagonistes de cette affaire sont présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif.