L'affaire Depardieu n'en finit plus de faire couler de l'encre. Pour remercier Vladimir Poutine de lui avoir accordé la citoyenneté russe, Gérard Depardieu a écrit une lettre publiée par la chaîne Perviy Kanal dans laquelle il déclare sa flamme à la Russie : "Oui, j'ai fait cette demande de passeport et j'ai le plaisir qu'elle ait été acceptée. J'adore votre pays, la Russie, ses hommes, son histoire, ses écrivains", s'enthousiasme-t-il. "J'aime y faire des films où j'aime tourner avec vos acteurs comme Vladimir Mashkov. J'adore votre culture, votre intelligence", ajoute celui a incarné Raspoustine dans le téléfilm éponyme de Josée Dayan tourné en Russie et diffusé en 2011 sur France 3.
Gérard Depardieu évoque ensuite des souvenirs plus personnels et l'environnement russe, qu'il dit apprécier particulièrement : "Mon père était un communiste de l'époque, il écoutait Radio Moscou ! C'est aussi cela, ma culture. En Russie, il y fait bon vivre. (...) Je préfère la campagne, et je connais des endroits merveilleux en Russie. (...) Au bord des forêts de bouleaux, je m'y sens bien. Et je vais apprendre le russe", lance le monstre du cinéma français.
Sur sa lancée, Gérard Depardieu ose même dresser les louanges du régime politique russe, pas franchement réputé pour son exemplarité : "J'en ai même parlé à mon président, François Hollande. Je lui ai dit tout cela. Il sait que j'aime beaucoup votre président Vladimir Poutine et que c'est réciproque. Et je lui ai dit que la Russie était une grande démocratie, et que ce n'était pas un pays où un Premier ministre traitait un citoyen de minable", juge le comédien, en référence à la réaction du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault à l'annonce de son exil fiscal en Belgique. En effet, Gérard Depardieu a eu une longue conversation téléphonique avec François Hollande le mardi 1er janvier, confirmée par l'Élysée.
Les termes "grande démocratie" employés par Gérard Depardieu n'ont pas manqué de susciter à nouveau la polémique. "On n'oubliera et on ne lui pardonnera jamais cette phrase", a ainsi déclaré le journaliste Matvei Ganopolski sur la radio d'opposition Echo Moskvy. Réalisateur oscarisé pour Moscou ne croit pas aux larmes, Vladimir Menchov a accueilli la nouvelle avec scepticisme : "Pourquoi je serais heureux qu'il paye ses impôts en Russie ? Cela ne fait pas de lui un patriote russe."
En France, les réactions s'enchaînent également. Sur I-Télé, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a jugé "triste" de dire que la Russie est une "grande démocratie", tandis que Laurent Berger de la CFDT a parlé d'une "insulte au peuple russe" sur France Inter, jugeant l'attitude de Gérard Depardieu "pathétique." Entre autres, la Russie a en effet récemment marqué l'actualité avec l'affaire Pussy Riot. Les trois jeunes femme de ce groupe ont été emprisonnées et condamnées pour avoir effectué une "prière punk" à l'intérieur d'une cathédrale, demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine."
Avant d'écrire cette lettre enflammée à la Russie, Gérard Depardieu s'est entretenu par téléphone avec le président François Hollande, selon Arnaud Frilley, un producteur ami du comédien, interrogé par RTL jeudi 3 janvier. Le célèbre Obélix se serait ainsi dit "écoeuré" par la façon dont la France traitait ceux qui réussissent et aurait annoncé qu'il avait besoin de "prendre du recul." L'entretien se serait déroulé "très calmement" selon le proche de l'acteur, et le président "semblait à l'écoute."
D'après l'AFP, Gérard Depardieu serait en Ukraine depuis hier et aurait participé à une soirée privée organisée par une grande banque française (laquelle ?) selon l'agence ukrainienne UNN. Rappelons que Depardieu doit comparaître en personne au tribunal correctionnel de Paris le 8 janvier 2013 pour conduite en état d'ivresse. Sera-t-il en Russie pour fêter le Noël orthodoxe, la veille, le 7 janvier ?