Le magazine Télérama offre un dossier passionnant sur le sexisme à Hollywood et en France. Une thématique qui s'accorde à merveille avec les paroles de celle qui fait la une du magazine, Adèle Haenel : "Le cinéma blanc et masculin, j'en ai marre." Différentes personnalités du milieu du cinéma sont interrogées sur cette question parmi lesquelles Gilles Lellouche. Il offre son regard sur la situation, sans langue de bois.
Sa tribune figure sur le site de Télérama et en partie dans le dossier consacré au sexisme dans les grand et petit écrans. Il débute, cash : "Evidemment qu'il y a encore un sexisme délirant dans le cinéma français ! J'ai vécu avec certaines actrices [il a un enfant avec Mélanie Doutey], donc j'ai été témoin de choses atroces. Un réalisateur, parce qu'il a une scène d'amour prévue dans son film, demande à l'actrice de se mettre toute nue dans son bureau pour voir comment il va la filmer. Je ne suis pas sûre qu'on en demande autant à un acteur... Et si elle refuse, c'est la guerre pendant deux mois : il est désagréable avec elle pendant tout le tournage." Autre souvenir qui le met en colère : "Un jour, un réalisateur m'a demandé de choisir ma partenaire dans un film en ces termes : 'Avec quelle actrice veux-tu coucher ?' Il plaisantait, soi-disant. Je n'ai pas fait son film." Il ajoutera : "L'actrice est un objet de désir, mais le problème est qu'il y a les réalisateurs élégants et les autres."
Soit des potiches, soit des castratrices
L'acteur et réalisateur s'insurge contre l'emballement à durée très déterminée pour les jeunes actrices, celle qui ont passé trente ans et qu'on ne voit plus alors qu'elles sont talentueuses et contre les rôles pour les femmes, "soit des potiches soit des castratrices".
L'occasion pour Gilles Lellouche de revenir sur son films à sketchs, mené avec Jean Dujardin, Les Infidèles, une oeuvre qu'ils ont faite pour mettre à mal les clichés sur le genre romantique et sur le couple de manière générale : "C'est ce que nous voulions faire, Jean Dujardin et moi dans Les Infidèles : montrer à quel point le macho est pathétique. Mais le film a été incompris. Nous étions naïfs : bizarrement, traiter de l'adultère de manière crue et grinçante, n'est pas bien vu... Surtout par certains hommes."
Comment la situation de la femme devant et derrière la caméra peut changer ? C'est une question que se pose Télérama en proposant une analyse de ce milieu, en Amérique et en France. La conclusion est la même : Il n'y a pas assez de femmes dirigeantes dans ce métier. C'est ce que clame aussi par exemple Virginie Efira qui estime également qu'il est possible de résister : "Oui, on peut être féministe et actrice."
Citer une réalisatrice de films à gros budgets est difficile à Hollywood, quand on a déjà pointé Kathryn Bigelow. Certes, il y a Catherine Hardwicke (Thirteen) mais elle s'est vue refuser le film de boxe Fighter (qui finira dans les mains de David O. Russell) et a tourné le premier épisode de la saga à l'eau de rose, Twilight...
En France, il y a de nombreuses réalisatrices - trois sont nommées aux César cette année -, mais combien de réalisatrices parviennent à tourner un deuxième film, s'interroge Télérama ? La Française Julie Delpy, très sensible sur la question, est claire : "Si j'arrive à faire des films, c'est uniquement parce que je les monte en Europe." Comme d'autres, elle demande des quotas de femmes dans les différentes professions. Le mot "quota" hérisse souvent, Maïwenn la première, mais comment faire pour changer les mentalités ? Pour qu'on n'ait plus à regarder le genre d'une personne qui réalise les films et que l'on ne s'attarde que sur son oeuvre, si les postes décisionnaires ne sont jamais accessibles aux femmes. Car si la féminisation des métiers de l'audiovisuel est une réalité en France, rapporte Télérama, il reste du travail : les hommes sont plus que jamais aux manettes des comédiens populaires, ces films qui rapportent beaucoup d'argent. Et l'argent, c'est le nerf du changement...
Retrouvez l'intégralité du dossier dans le magazine Télérama du 24 février 2016