Guillaume Canet, Julie Delpy, Sophie Marceau : La galère des Français à New York
Publié le 8 juin 2012 à 22:47
Par Geoffrey C.
Guillaume Canet sur le tournage de Blood Ties, le 1er juin à New York. Guillaume Canet sur le tournage de Blood Ties, le 1er juin à New York.© BestImage
Un bonheur n'arrive jamais seul, une comédie romantique avec Sophie Marceau et Gad Elmaleh qui s'est posée à Broadway.
2 days in New York de Julie Delpy.
Tout ce qui brille avec Leïla Bekhti et Géraldine Nakache.
The We and the I de Michel Gondry.
Guillaume Canet sur le tournage de Blood Ties, le 1er juin à New York.
Cédric Klapich et Audrey Tautou en mars 2011 à New York.
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La première escale vers le rêve hollywoodien s'appelle New York. Ces derniers mois, la ville américaine a vu un certain nombre de réalisateurs et acteurs français déambuler dans les rues, armés d'une caméra pour se rapprocher des modèles américains.

Gad Elmaleh qui rêve de Sophie Marceau à Brodway dans Un bonheur n'arrive jamais seul de James Huth, Julie Delpy et sa famille bric-à-brac invitée dans sa comédie 2 days in New York, Valérie Donzelli et Valérie Lemercier pour danser Main dans la main, Michel Gondry dans le bus de The We and the I, ou encore Guillaume Canet avec des stars américaines pour le polar Blood Ties. Symptôme ultime de cette mouvance : le trip new-yorkais de Leïla Bekhti et Géraldine Nakache, intitulé Nous York.

Comme Woody Allen, James Gray, John Cassavetes et bien d'autres, ces jeunes cinéastes réalisent leur deuxième, troisième ou quatrième film à New York. Mais la traversée de l'Atlantique n'est pas donnée à tout le monde, et les heureux élus sont servis à l'accueil par un fossé culturel.

Hollywood clash

Pour Cédric Klapisch, le constat est sans appel : "New York est l'endroit le plus difficile au monde." Alors qu'il s'apprête à tourner dès septembre Casse-tête chinois, la suite des Poupées russes (2005) et L'Auberge espagnole (2002), le réalisateur confirme au Figaro que la principale difficulté n'est pas d'ordre économique. Car si le coût de la production est similaire à celui de Paris, c'est la machine administrative qui pose de véritables problèmes.

En plus de l'habituel visa, la production doit adhérer à l'un des deux puissants syndicats, la Directors Guild of America (DGA) ou la Screen Actors Guild (SGA). Moyennant une cotisation de 16 000 dollars par personne, le film doit suivre à la lettre quelques 800 pages de codes sur les salaires, les droits de ventes et autres détails clés.

Condition sine qua non pour obtenir le feu vert, l'équipe doit être composée d'un certain nombre de techniciens américains, parmi d'autres contraintes. Le producteur français Alain Attal explique : "Comme les syndicats se sont construits face à la toute-puissance des studios de Hollywood, leurs règles ne sont pas faites pour des films indépendants comme les nôtres. En fonction du coût du film, ils vous imposent un quota de salariés et de camions. Le travail est ultrapartagé. Le chef machiniste refusera de pousser le travelling, car c'est le travail du machiniste de travelling. Et tous les figurants doivent être des acteurs."

Le prix du rêve

Lancé dans l'aventure depuis quelques semaines, Guillaume Canet est particulièrement étonné par l'abondance de photographes aux abords du plateau. Chassés en France, ils sont chaleureusement accueillis aux Etats-Unis : "Un appareil photo jeté à terre et on va droit au procès. Ici, la loi les autorise à photographier dans un lieu public. Ils nous ont même demandé d'enlever un parapluie sous lequel Billy Crudup et Mila Kunis répétaient une scène intime !"

Mais cette abondance de Frenchies révèle avant tout une envie de se réapproprier un territoire un temps déserté. Spad Films explique que "les Français se sont remis à écrire des histoires qui se passent à New York après l'arrivée de Barack Obama. L'Amérique de Bush les bloquait". La réalisatrice Danièle Thompson constate : "À une époque, tout le monde allait à Rome. Maintenant c'est New York." Une belle ironie puisque le New-Yorkais Woody Allen vient de tourner en Italie To Rome with Love, et apparaît dans Paris-Manhattan, une comédie romantique tournée en France avec Alice Taglioni dans le rôle d'une cinéphile.

Dans tous les cas, New York tient une place bien particulière dans le coeur d'un public bercé par le cinéma américain, pour qui le pont de Brooklyn, l'Empire State Building et les taxis jaunes évoquent une foule de souvenirs imprimés sur la pellicule. Le producteur Richard Grandpierre avoue ainsi avoir demandé au réalisateur James Huth et à Gad Elmaleh de réécrire les scènes de Montréal d'Un bonheur n'arrive jamais seul pour New York. "Par pure envie personnelle (...) Cela apporte au film ce que j'adore dans les comédies romantiques américaines." Coût de l'opération : 500 000 euros supplémentaires. Mais le rêve new-yorkais n'a pas de prix.

Un bonheur n'arrive jamais seul, en salles le 27 juin. Nous York, le 7 novembre.

Retrouvez l'article de Léna Lutaud dans Le Figaro, mercredi 6 juin.

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