Le mois prochain, Isabelle Adjani sera de retour au cinéma dans le nouveau film de Romain Gavras intitulé Le monde est à toi (sortie prévue le 15 août). À cette occasion, la mythique actrice française s'est confiée dans les colonnes du magazine Les Inrockuptibles. L'occasion pour elle de revenir sur son extraordinaire carrière (couronnée par cinq César, deux nominations aux Oscars et un prix d'interprétation à Cannes) mais aussi d'évoquer ses relations familiales parfois difficiles.
Fille de Mohammed Chérif Adjani (mort en 1983), garagiste algérien recruté par l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale, et d'Emma Schweinberger, Allemande ayant rencontré son époux en Bavière lors de son service militaire, Isabelle Adjani n'a jamais caché sa relation "douloureuse" avec ce père qui les a éduqués, elle et son frère Éric (père de l'actrice Zoé Adjani décédé en 2010 d'une crise cardiaque), "de façon répressive et culpabilisatrice", comme elle se le rappelle encore aujourd'hui. "C'était très dur. Tout au long de mon enfance et de mon adolescence, il m'a demandé de baisser les yeux devant les hommes, de ne pas me faire remarquer, de ne pas montrer ce que je ressentais. (...) Je me sentais coupable tout le temps", confie-t-elle dans les Inrocks.
Pour autant, Isabelle Adjani a toujours éprouvé beaucoup de tendresse à l'égard de ce papa parfois tyrannique qui a fait preuve d'un grand soutien à des moments inattendus, comme par exemple le jour où elle avait besoin d'encouragements sur le tournage du film Le Locataire. Par amour pour son père, la comédienne avait également dû renoncer à l'un de ses plus grands rêves, celui de tourner avec Jean-Luc Godard.
J'allais tous les soirs à l'hôpital, puis à la morgue...
En 1982, elle avait effectivement dû quitter précipitamment le tournage du film Prénom Carmen au bout de quelques jours, laissant Jean-Luc Godard qui l'a remplacée au pied levé par Maruschka Detmers. "Mon père était en train de mourir. Ça prenait toute la place. Il aurait fallu près de moi quelqu'un qui veuille mon bien et pas seulement qui me veuille tout court, dit-elle au sujet de Godard. Quelqu'un qui me donne de bons conseils, qui m'aurait apaisée et rappelé que tourner avec lui faisait quand même partie des rêves de ma vie, que ce que je vivais un jour trouverait un sens que je ne pouvais pas encore me figurer, parce que je souffrais trop... Mais j'allais tous les soirs à l'hôpital, puis à la morgue", a-t-elle expliqué.
Le décès du père d'Isabelle Adjani a ensuite provoqué un "désaccord à vif" avec sa mère. Heureusement, l'actrice est parvenue à trouver une solution satisfaisante pour tout le monde. "Elle voulait faire depuis longtemps incinérer mon père. Elle avait décrété que la Terre sainte est partout, alors que mon père m'avait donné pour consigne, à 12 ans déjà, de le ramener en Algérie. J'ai trouvé un mi-chemin avec le cimetière musulman de Bobigny. Aujourd'hui, je les ai fait habiter ensemble au Père-Lachaise. Mon frère aussi. La famille est réunie et moi je (me) suis réunifiée", a-t-elle conclu.
Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Isabelle Adjani dans le magazine Les Inrockuptibles en kiosques le 18 juillet 2018