Réputée pour son franc-parler, la comédienne Isabelle Carré en a une nouvelle fois fait la démonstration en acceptant de se livrer pour la rubrique Je ne serais pas arrivée là si... du journal Le Monde. Elle a notamment regardé dans le rétroviseur de sa vie, revenant sur son enfance tourmentée.
Adolescente, Isabelle Carré avait fait une tentative de suicide et s'était retrouvée en hôpital psychiatrique. Elle était alors très mal dans sa peau et dans sa vie, avec le coeur brisé par un chagrin d'amour. "L'avenir me donnait la nausée", confie-t-elle. Dans le même temps, elle subit au quotidien "une addition de noeuds, de secrets et de douleurs d'ordre familial", ajoute-t-elle. Même encore très jeune, elle se rend bien compte que quelque chose ne va pas entre ses parents. Un quelque chose qui finira par devenir un fait bien plus tard : son père est homosexuel. Il l'annonce tardivement et sa famille se brise avec, inévitablement, un divorce à la clef.
La comédienne se souvient que c'étaient "des circonstances folles" qui avaient fait se rencontrer ses parents : sa mère était d'une famille aristo et son père prolétaire. Ils étaient tous les deux des "vilains petits canards, deux orgueils blessés, mais rêveurs qui se sont réchauffés un moment". Malheureusement, des atomes crochus, ce n'est pas pareil que l'amour...
L'homosexualité de son père, Isabelle Carré l'a acceptée, mais cela n'a toutefois pas coulé de source pour le reste de son entourage. "L'homosexualité en soi n'était pas le problème ! Le problème, c'était de ne pouvoir la dire, l'assumer et la vivre ouvertement. Le problème, c'étaient les discours culpabilisants de l'époque et une foule d'obscurantistes qui la considéraient comme une maladie. (...) Le problème n'a jamais été l'orientation sexuelle de mon père, mais une éducation homophobe, les injonctions des prêtres à se ressaisir, le verrouillage des désirs, la stigmatisation sociale. On en faisait un truc invivable !", ne manque pas de souligner la star de Se souvenir des belles choses.
Isabelle Carré (48 ans) ajoute que le mouvement homophobe de la Manif pour tous l'a rendue "dingue" ces dernières années. "Non, les enfants d'homos ne sont pas malheureux. Ou s'ils le sont, c'est à cause du regard et de l'opprobre jetés sur leurs parents. Changez ce regard et tout ira bien", clame-t-elle avec intelligence. Nul doute qu'elle-même a livré un discours de tolérance à ses trois enfants : Antoine (12 ans), Madeleine (10 ans en mars) et Clara (7 ans).