
Elle a fait sensation le 26 janvier dernier en s’invitant au journal télévisé de TF1dans le rôle de Cathy Tuche. Aux côtés de Jean-Paul Rouve (alias Jeff Tuche), Isabelle Nanty assurait la promotion de God Save the Tuche, le cinquième volet des aventures cinématographiques de la famille ch’ti la plus célèbre de France. Une petite étincelle au fond de son regard attestait de sa joie de jouer dans le nouvel opus de la saga aux quatorze millions d’entrées. Mais si l’actrice assure volontiers le “service après-vente”, ne comptez pas sur elle pour courir les soirées un verre à la main !
Dans une interview accordée au magazine Télé 7 Jours à la fin du mois de décembre dernier, la native de Verdun (Meuse) est revenue sur cette impossibilité. “Je suis allergique à l'alcool, j'essaye de me mettre en état d'ivresse, c'est un peu notre métier, mais il y a un moment où je dois quitter la fête, parce que je suis trop décalée”, a-t-elle expliqué. Ce type d’intolérance existe, il est provoqué par un déficit à l’enzyme ALDH2. Les personnes en étant victimes peuvent ressentir des symptômes inconfortables après avoir consommé de l'alcool. “Etant allergique, je n’ai jamais eu accès à l’ivresse. Tout ce que j’ai vécu dans ma vie, je l’ai donc vécu à sec, de plein fouet”, avait déjà expliqué Isabelle en 2016 dans Paris Match. Toutefois, l’alcool n’est pas la seule raison poussant la comédienne à boycotter les soirées. Il en existe trois autres.

Premièrement, Isabelle Nanty ne sait jamais comment… s’habiller. Invitée d'Éric Dussart et de Jade en septembre dernier dans On refait la télé sur RTL, elle a confessé cet autre étonnant handicap : "Ça me prend la tête. Si je peux éviter... C'est vraiment le truc qui a pourri ma vie. Comment m'habiller." Car cette phobie ne la prive pas seulement de soirées, elle la handicape quand il s’agit de faire la promotion des films et spectacles dans lesquels elle joue. “Ça me pourrit la vie pendant les quinze jours où je fais de la promo. Il ne faut surtout pas me prévenir à la dernière minute !" Quant à demander de l’aide aux costumiers et habilleurs qu’elle connait, hors de question : "Je n'aime pas embêter les gens avec mon problème et Dieu sait que c'est un petit peu compliqué de m'habiller. J'adore la radio pour ça."

Sa deuxième raison pour éviter les soirées est peut-être la plus surprenante : Isabelle n’aime pas qu’on la voit debout ! Dans la même interview, sur RTL, elle s’est livrée comme jamais : "J'ai un petit tronc. Je demande si on va me voir debout ou est-ce qu'on me voit directement assise, est-ce qu'il y a des moments où il faudra se lever… Ce sont des prises de tête pas possibles. Et là, en ce moment, je ne peux plus mettre de talons parce que j'ai un problème au genou, alors là je suis à puissance 4 000 du problème." Ce problème la hante tellement qu’il l’empêche même de discuter : “Je ne vais jamais à des cocktails ou à des soirées parce que je n'arrive pas à tenir une conversation debout. L'histoire de parler debout, mais c'est fou. Je vous jure que c'est vrai. Je ne peux pas construire un raisonnement ou bien écouter et bien répondre si je suis debout."

La troisième raison est plus intime et dramatique. À l’âge de 8 ans, le 1er novembre 1970, l’inoubliable Georgette du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain a perdu un membre de sa famille dans l’incendie d’une boîte de nuit en Isère. "La fille de mon parrain est décédée dans l'incendie d'un night-club, le 5-7, à Saint-Laurent-du-Pont, un gros fait divers des années soixante-dix. J'étais petite, et les récits m'ont marquée.” Cent-quarante-six personnes, âgées majoritairement de 14 à 27 ans, avaient péri dans ce drame. Les issues de secours avaient été bloquées pour dissuader les resquilleurs d’entrer sans payer. Isabelle a donc été "éduquée dans la hantise" des discothèques. “Quand j'ai eu l'âge d'aller en boîte, mes parents faisaient une telle tête !" Elle n’y est allée que très rarement. "Deux fois dans ma vie, mais toujours collée aux issues de secours : il y a plus fun comme ambiance !"
Sous un vernis comique, Isabelle Nanty est une personne tourmentée par ces empêchements et ce drame. Dans sa jeunesse, elle a souffert de dyslexie et de dyscalculie jusqu’à être dispensée de mathématiques au lycée. “J’avais des difficultés, des troubles, dont je souffre encore mais que j’ai appris à apprivoiser. Je me sentais différente, a-t-elle confié à Paris Match. Je n’étais pas dans le moule. Je ne le suis toujours pas. J’ai pu me sentir illégitime ou exclue à un moment, mais je ne me bats pas pour une place, pour un statut. Plus je vieillis, plus j’essaie d’être au plus près de mon ressenti et de l’exprimer.” Des efforts dont la remercient les millions de fans des Tuche et des comédies dans lesquelles elle a joué.