De longs mois d'opiniâtre bataille, médiatique autant que judiciaire, pour finalement déposer les armes au moment crucial ? La décision de Julie Pietri de se désister, si proche du but en apparence, de l'action en diffamation qu'elle avait intentée contre Jean-Luc Lahaye ne manque pas d'interpeller. La chanteuse a fourni sa propre explication ; la partie adverse à la sienne... Et ne se démobilise pas.
L'interprète du tube des années 1980 Eve lève-toi et du duo Amoureux fous avec Herbert Léonard s'était pourvue en justice en réaction à des propos jugés désobligeants à son encontre tenus par le chanteur de Femme que j'aime : "Que je me tape Julie Pietri ? Non merci", avait lâché au cours d'un entretien radiophonique l'artiste sexagénaire alors qu'il évoquait son attirance assumée pour les jeunes filles. Près d'un an après avoir lancé une procédure pour diffamation, injure et violation de la vie privée, dans le cadre de laquelle elle réclamait 70 000 euros, Julie Pietri a "souhaité" in extremis, bien que "certaine de son bon droit et restant attentive aux combats et à l'honneur des femmes", "se désister de l'instance introduite devant le tribunal de grande instance de Paris", a signifié mercredi son conseil, justifiant ce revirement par le fait que sa cliente "préfère à ce jour se consacrer à sa carrière, à la production de son nouvel album, à la préparation de sa scène parisienne, de sa tournée et aux projets qui lui ont été proposés, ainsi qu'à sa famille". Dans le camp de Jean-Luc Lahaye, on ne goûte que très peu ces arguments...
"Madame Pietri savait que son action était inconséquente et que le tribunal allait l'annuler. La défense avait démontré ladite nullité de la procédure et avait été suivie, sur ce point, par le Ministère public, qui avait également requis l'annulation des poursuites", ont fait valoir auprès de Purepeople les avocats de Jean-Luc Lahaye, maîtres Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot et Karim Achoui. Pour eux, les motivations avancées par la plaignante ne sont qu'un écran de fumée "d'une mauvaise foi confondante" pour se ménager une sortie honorable de ce combat qu'elle savait perdu : "Le tribunal avait déjà rédigé le jugement au moment même où madame Piétri s'est désistée, ce que la présidente du tribunal a rappelé avec agacement", soulignent-ils. Et de constater : "Madame Piétri n'avait donc aucune démarche à accomplir. Seul la certitude de perdre la procédure l'a motivée à se désister..."
L'affaire n'en restera pas là, les défenseurs de Jean-Luc Lahaye ayant formé une demande d'indemnisation à hauteur de 10 000 euros visant Julie Piétri, à laquelle le parquet ne s'est pas opposé et sur laquelle le tribunal statuera le 26 mai prochain. Le chanteur est par ailleurs en instance de jugement en appel suite à sa condamnation l'an passé à un an de prison avec sursis pour corruption de mineure.