Alors que Jules Bianchi lutte pour sa vie au Japon du côté de Yokkaichi, la Formule 1 reprenait ses droits en Russie, pour le premier Grand Prix de Sotchi. L'occasion pour les pilotes de rendre un vibrant hommage au Français, qui était dans tous les esprits tout au long de ce week-end russe.
L'émotion des pilotes
Au milieu des installations olympiques laissées à l'abandon depuis les JO de février malgré un coût estimé à 39 milliards d'euros, le circuit de Sotchi, rutilant, a accueilli ce week-end 21 pilotes. Jules Bianchi, après sa terrible sortie de piste, était bien entendu absent, toujours hospitalisé au Japon dans un état "critique mais stable" et entouré de sa famille.
Pour autant, les pilotes ne l'avaient pas oublié ce 12 octobre. Tous portaient, sur leur casque ou sur leur monoplace, des stickers en soutien à leur camarade. Quinze minutes avant le début de la course, tous se sont rassemblés devant la ligne de départ, en cercle, autour des casques du pilote Marussia. Un moment fort et plein d'émotions, à peine gâché par l'organisation russe qui obligea les pilotes à s'arrêter pour écouter l'hymne national, et que l'on ne verra pas à la télé, la réalisation préférant s'attarder sur le passage de l'aviation militaire...
À l'issue d'une course remportée par Lewis Hamilton, qui signe sa quatrième victoire consécutive, Jules Bianchi était dans toutes les pensées. Le vainqueur du jour, évoquant rapidement sa course, n'oublia pas le tricolore de 25 ans : "Sans l'ombre d'un doute, à chaque instant où j'ai été ici, j'ai pensé à lui et à sa famille, je lui ai réservé mes prières. Je ne sais pas si cela a véritablement un sens ou si cela peut changer quelque chose, mais j'aimerais vraiment dédier tout ça à Jules et à sa famille." Jenson Button, quatrième à l'issue du Grand Prix, évoquait ce moment où tous se sont retrouvés sur la grille de départ : "Sur la grille, cela a été une émotion pour chacun d'entre nous quand nous avons eu notre moment ensemble. On était là pour Jules, a ajouté Button. Remonter ensuite dans la voiture a été un peu étrange."
Les écuries pensent à Jules Bianchi
Jean-Eric Vergne, pilote Toro Rosso, a évoqué lui aussi le rassemblement, "un moment très fort" pour lui. "J'aurais aimé qu'il soit parmi nous. Mais il était dans nos coeurs", a-t-il ajouté. "Je connais Jules depuis le début de sa carrière. Il combat aujourd'hui pour sa vie, Cela tempère forcément notre joie et notre envie de célébrer", racontait Toto Wolff, le patron de Mercedes, sacré hier champion du monde des constructeurs grâce aux deux premières places de ses pilotes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Pour autant, pas d'effusions de joie dans le garage Mercedes. Des T-shirts noirs floqués des lauriers de champion du monde et une photo solennelle autour d'un panneau où l'on pouvait lire 17 BIA, le numéro de la voiture de Jules Bianchi.
Du côté de Marussia, l'écurie russe employeur du Français, on est resté digne tout au long du week-end. Jeudi, l'équipe a monté la voiture de Jules Bianchi, comme s'il allait prendre le volant le lendemain. Au moment des premières séances d'essais libres, le véhicule est apparu, prêt à démarrer. Idem ce dimanche avant le départ. Puis tous se sont rassemblés devant la seule Marussia qui allait prendre la piste, celle de Max Chilton, où toute l'équipe a pris la pose, avec un panneau sur lequel figurait le numéro 17 et l'inscription Racing for Jules (en VF, "Nous courons pour Jules"). La Scuderia Ferrari en avait fait de même la veille, Jules Bianchi faisant partie de l'Academy Ferrari, lui qui est considéré là-bas comme un pilote d'avenir qui pouvait prétendre à un baquet au sein de l'écurie au cheval cabré.
Un week-end chargé en émotions, loin d'un Jules Bianchi toujours hospitalisé au Japon et pourtant terriblement présent à Sotchi.