Finalement, le decorum aura, au moins en partie, été sauf. Le palais royal a changé son fusil d'épaule en décidant tardivement d'informer, vers 20h30 heure locale (21h30 en France), de la naissance du prince de Cambridge, premier enfant du prince William et de Kate Middleton, par l'émission d'un communiqué plutôt que par la présentation du bulletin médical, le reste de la mise en scène théâtrale de l'arrivée du royal baby a été préservé.
Traitement de faveur que méritait un futur monarque, la proclamation de la venue au monde du prince de Cambridge, qui a inondé de fierté la une de la presse britannique de mardi, trône depuis hier soir dans la cour du palais de Buckingham, où l'acte officiel de sa naissance est exposé à quelques mètres des grilles sur un chevalet doré dont on ne s'était plus servi depuis 1982 et la naissance du précédent héritier au trône - le prince William.
En théorie, c'est ce bulletin médical, signé par le docteur Marcus Setchell, chirurgien gynécologue et obstétrique qui fut au service de la reine Elizabeth II de 1990 à 2008, et l'équipe médicale à ses côtés en charge de l'accouchement de Kate Middleton, qui devait révéler au monde l'heureuse nouvelle. Selon le rituel prévu, le document, figurant le sexe, le poids et l'heure de naissance du bébé, devait être présenté à la sortie de l'aile Lindo, partie privée de l'hôpital St Mary où la duchesse de Cambridge louait l'une des six suites tout confort (6 000 euros la nuit), avant de prendre la direction de Buckingham Palace. Mais compte tenu de l'heure tardive de la décision de communiquer, près de quatre heures après la naissance du prince de Cambridge - un beau bébé de 3,8 kilos né à 16h24, in extremis sous le signe du Cancer de son père William et de sa défunte grand-mère Lady Di -, Ed Perkins, secrétaire particulier du duc et de la duchesse de Cambridge a directement filé de l'hôpital du quartier de Paddington vers le palais royal, emportant dans une pochette en cuir auburn le papier ministre (44x33) en question.
Arrivé à Buckingham, l'attachée de presse de la reine Elizabeth II, Ailsa Anderson, une des figures clé de l'entourage de la reine avec sa secrétaire personnelle Samantha Cohen et sa styliste Angela Kelly, prenait le relais, secondée par un valet du palais pour afficher la bonne nouvelle. Devant les grilles de Buckingham, la fête avait commencé depuis un bon moment, des milliers de personnes s'étant rassemblées spontanément au fil de la journée, tandis que la duchesse de Cambridge était en plein travail. L'arrivée du bout de papier crucial a évidemment suscité des vivats et de nouveaux élans de liesse, même si l'heureuse nouvelle l'avait précédé, puisque le communiqué officiel annonçant la naissance s'était déjà répandue dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Pendant ce temps, devant l'aile Lindo de l'hôpital St Mary, une autre scène très "traditionnelle" se déroulait : à défaut d'avoir pu découvrir en primeur le bulletin médical, les médias et fans entassés aux abords de l'établissement ont pu voir et entendre le crieur public Tony Appleton, en tenue folklorique, proclamer peu avant 21 heures la naissance du futur roi d'Angleterre (une tonitruante prestation du vénérable crieur à voir dans notre player) : "En ce jour du 22 juillet de l'an 2013, nous accueillons, bien humblement, un futur roi, le premier-né de leurs altesses royales le duc et la duchesse de Cambridge, le troisième dans l'ordre de succession au trône. Et notre nouveau prince est le troisième arrière-petit-enfant de Sa Majesté la reine et le petit-fils de son altesse royale le prince de Galles. Puisse-t-il vivre longtemps, heureux et glorieux, et un jour régner sur nous. God save the Queen", a ainsi déclamé, lisant la déclaration royale, Tony Appleton avant d'agiter une cloche sous les applaudissements de son public. On apprendrait plus tard que l'homme n'était en fait absolument pas mandaté par la famille royale et avait fait cette intervention de son propre chef.
Illustration flagrante du cocktail de tradition et de modernité qui caractérise aujourd'hui la monarchie britannique et qu'incarne au plus haut point le ménage de William et Kate, Internet, à l'opposé de ces rituels ancestraux, a aussi vu des manifestations exceptionnelles pour célébrer la naissance du bébé : au plus fort du buzz, plus 25 300 tweets par minute ont été recensés sur Twitter pour 2 millions d'occurrences du sujet, sachant que le hashtag star #RoyalBaby a été utilisé plus de 900 000 fois sur l'ensemble de la journée, qui avait débuté avec l'admission de la duchesse de Cambridge à la maternité. Côté technologie toujours, le London Eye qui domine la capitale anglaise s'est mis aux couleurs de l'Union Jack pour célébrer la naissance, qu'une salve de 62 coups de canon doit également accueillir ce mardi à 14 heures à la Tour de Londres.
G.J.