L'émotion digne et intense des commémorations des heures les plus sombres de l'Histoire et du tribut humain qui y a été payé, le prince William et Kate Middleton connaissent bien. De symboles majestueux, comme la mer de coquelicots qui s'étendit au pied de la Tour de Londres pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, en recueillement sur d'anciens champs de bataille, le couple princier sait la particularité de ces occasions. Leur déplacement, mardi 18 juillet 2017, dans un ancien camp de concentration a très certainement marqué fortement leur esprit...
Au lendemain de leurs instants solennels devant le Mur du Souvenir du Musée de l'Insurrection de Varsovie, dédié à la résistance polonaise face à l'envahisseur nazi, le duc et la duchesse de Cambridge se sont rendus dans le nord du pays pour y découvrir le site du camp de Stutthof, premier camp de concentration établi en Pologne par les Nazis en 1939 - et l'un des derniers à avoir été libéré, en 1945. Loin des joyeusetés de la garden party organisée la veille au soir, c'est avec solennité que le couple a visité les lieux, guidé par le directeur du musée qui perpétue la mémoire de cet épisode douloureux, Piotr Tarnowski, lequel leur a notamment montré une chambre à gaz et leur a détaillé les conditions de vie terribles des prisonniers - ils furent 110 000 à passer par Stutthof, dont beaucoup ne repartirent pas vivants.
William et Kate ont d'ailleurs pu entendre les récits d'anciens prisonniers, Marek, Maria et Czesław, venus témoigner à l'occasion de leur visite.
Le duc et la duchesse de Cambridge, qui apportait un peu de douceur à ces moments avec les fleurs de sa robe Erdem (elle était par ailleurs munie d'un sac en cuir d'une marque polonaise, Etui), se sont ensuite fait présenter d'autres survivants de ce camp de la mort, Manfred Goldberg et Zigi Shipper (passé également par Auschwitz).
Tous deux âgés de 87 ans, les deux amis, qui se sont connus dans cet enfer et en ont tous deux réchappé, se sont installés en Angleterre après leur libération et résident dans le nord de Londres. "Je n'avais ni parents, ni frères, ni soeurs. Tout ce que j'avais, c'étaient mes amis, dont Manfred, a témoigné Zigi. Ce sont eux qui m'ont aidé à tenir. Lors de la marche de la mort, ils m'ont encouragé à continuer de marcher quand je voulais abandonner. Nous nous soutenions physiquement et émotionnellement. Nous étions tous faibles, mais nous nous donnions de la force. C'est tellement important pour moi de pouvoir revenir au camp aujourd'hui, ensemble. J'espère que la visite d'aujourd'hui permettra de faire en sorte que le monde se souvienne de ce qui s'est passé. Tout le monde a entendu parler d'Auschwitz Birkenau, mais c'est important que les gens entendent parler de camps comme Stutthof."
Avec eux, William et Kate ont honoré la mémoire des 28 000 Juifs tués à Stutthof et des 6 millions qui ont péri dans l'Holocauste en plaçant des pierres au pied de l'Etoile de David et en se recueillant le temps d'une prière (El Maleh Rachamim) dite par Zigi et Manfred.
Le duc et la duchesse sont repartis de Stutthof en franchissant avec les deux octogénaires la "porte de la mort" du camp, avant de mettre le cap sur Gdansk, deuxième étape de leur journée. Une fête de quartier les y attendait notamment, de quoi chasser le spleen...