Avec les succès les plus fulgurants et les plus colossaux viennent régulièrement les embrouilles les plus monumentales. Lady Gaga, qui dévoilait tout récemment le clip événement de Telephone, ne fait pas exception à la règle.
En 2006, alors qu'elle arborait encore une chevelure noir corbeau et un look post-adolescent bien loin des délires pop-art dont elle nous assomme maintenant, un homme lui mit le pied à l'étrier. Rob Fusari, dont la success story débuta avec son travail sur l'album culte de Destiny's Child, Survivor, et lorsqu'il suggéra à Will Smith un sample de Stevie Wonder pour ce qui allait devenir le génial Wild Wild West, a mis la jeune New-Yorkaise sur la voie de la gloire (The Fame) qu'elle connaît désormais. Débarqué en cours de route, Fusari, co-producteur de l'album The Fame (particulièrement, les titres Paparazzi, Beautiful, Dirty, Rich, Brown Eyes et Disco Heaven) a déposé une plainte mercredi 17 mars 2010 contre son ancienne protégée et... girlfriend, dont il co-signa certaines chansons, co-produisit l'album, et façonna l'image, lui réclamant 35 millions de dollars (26 millions d'euros).
Tout commence début 2006, lorsqu'un ami appelle Fusari depuis un club de New York, pour lui vanter une chanteuse/songwriteuse inconnue au bataillon. Sceptique, il accepta, sa carrière connaissant un creux, de rencontrer la jeune Stefani Germanotta (future Lady Gaga), qui exécuta une démo au piano : "En 20 secondes, j'ai su que cette fille allait changer ma vie", se souvient Rob Fusari. Pendant toute l'année qui suivit, Stefani se rendait quotidiennement de New York au New Jersey, à Livingston, où Rob avait son studio : là, ils travaillaient ensemble, sans relâche, épaule contre épaule (comme vous pouvez le constater en cliquant ici), aux chansons, au son ainsi qu'au personnage qui allait bientôt naître et affirmer son emprise sur la scène musicale - Lady Gaga.
Rob entraînait Stefani dans des rencontres avec les labels (Columbia, Island) et lui fit décrocher son contrat chez Interscope (Universal). Admiratif, il signale que, malgré les aléas du show-business et les bâtons dans les roues, l'ambition de Stefani d'imposer son identité musicale et celle de Lady Gaga n'a jamais vacillé. Pour lui, c'était un peu à quitte ou double également - si cela ne fonctionnait pas, il se retrouvait sur le carreau. Puis, quand les choses ont pris, il a "vu les vautours tournoyer". Malgré les émoluments qu'il a perçus, l'homme se disait triste bien plus qu'amer, endurci et désabusé par cette expérience...
Aujourd'hui, le pygmalion, le mentor, se rebiffe. Lourdé par la Gaga quand sa carrière décolla, Rob Fusari réclame un dédommagement. Sa plainte rappelle les faits que nous venons d'évoquer, insistant que c'est lui qui a poussé Stefani Germanotta a "repenser radicalement son approche", à "laisser tomber les riffs rock pour les beats dance", et lui a intimé son surnom de Lady Gaga en référence à la chanson de Queen Radio Gaga. L'intéressée, elle, affirme, du haut de ses presque 24 ans (à la fin du mois), qu'elle a toujours été Lady Gaga, même si la concrétisation de son personnage ne s'est faite qu'il y a 5 ans.
En mai 2006, le partenariat de Lady Gaga et Rob Fusari s'était doublé d'une idylle amoureuse, et ils avaient fondé conjointement Team Love Child LLC pour promouvoir la carrière de Gaga. Une affaire dans laquelle Rob détenait 20% des parts. Leur histoire a capoté en 2008, après qu'il eut fait signer Lady Gaga chez Interscope et que l'album The Fame fut paru. Rob Fusari, qui reconnaît avoir touché 611 000 dollars, dit aujourd'hui avoir été spolié, à hauteur de ses 20% de royalties sur les chansons, 15% sur les revenus issus du merchandising, et autres émoluments.
Bataille engagée, mais gare : depuis 2008, Lady Gaga s'est transformée en véritable Monster...
G.J.