Coup de théâtre au sein de la rédaction de TF1. Laurence Ferrari, aux commandes de la grand-messe du journal de 20 heures depuis août 2008, a déposé sa démission. A la rentrée prochaine, la journaliste va ouvrir une nouvelle page de sa carrière en proposant un talk-show quotidien sur Direct 8, un exercice très différent de celui du 20 heures. Laurence Ferrari, sereine, s'est confiée à nos confrères du Parisien, une interview événement dans laquelle elle revient sur parcours au sein de la première chaîne d'Europe et parle de ses futurs défis.
Une journaliste confirmée mais chahutée
Propulsée aux commandes du JT de 20 heures il y a quatre ans, Laurence Ferrari a connu des débuts difficiles. Remplaçante de Patrick Poivre d'Arvor, alors remercié après vingt ans d'ancienneté, elle a dû se faire une place et PPDA ne l'a jamais épargnée, se faisant passer pour un martyr... évincé par Laurence Ferrari ! Pourtant, la journaliste avait déjà une belle expérience au sein du groupe. Après des débuts comme chroniqueuse dans Combien ça coûte en 1994, la journaliste politique présente avec son ex-mari Thomas Hugues le magazine d'informations Sept à Huit en 2000 et devient le joker de Claire Chazal à partir de 2002. En 2006, elle quitte le groupe pour animer Dimanche+ sur Canal+, une très bonne émission avec laquelle elle brille (les rênes sont aujourd'hui tenus par Anne-Sophie Lapix, qui va les perdre pour une émission raccourcie, en fin de soirée, le dimanche). C'est donc une journaliste confirmée et habituée aux journaux télévisés (qu'elle a notamment animés sur LCI) qui arrive en tant que présentatrice vedette de TF1.
"Présenter le 20 heures est un exercice très lourd"
Après quatre ans, c'est une Laurence Ferrari soulagée qui quitte ce prestigieux poste : "Présenter le 20 heures est un exercice très lourd, très codifié, avec une pression permanente." Elle veut bien sûr parler de la pression des chiffres et des audiences. Car la concurrence fait rage : en compétition avec le JT de France 2, elle fait face à de nouveaux adversaires : les séries (Plus Belle La Vie sur France 3, Scènes de Ménages sur M6). Depuis la rentrée, TF1 a du mal à asseoir sa puissance. Le leader incontesté est souvent mis à mal par ses adversaires, et les téléspectateurs délaissent TF1 pour France 2, qui est aujourd'hui devenue depuis le début de l'année, la référence pour l'information. Preuve en est : le président de la République, François Hollande - qui a déclaré, pour l'anecdote, que sa fameuse tirade "Moi, président de la République", lors du débat avec Nicolas Sarkozy le 2 mai 2012, lui avait été inspirée par la journaliste -, accordait hier, mardi 29 mai, sa première interview en tant que chef de l'état à la chaîne du service publique. Un choix encore impensable l'an passé.
C'est donc dans un contexte difficile que Laurence Ferrari part de TF1, mais qu'on se le dise, elle n'a pas jeté l'éponge ! "Je ne suis pas quelqu'un qui baisse les bras quand il faut combattre !", déclare-t-elle. Elle poursuit : "Je ne peux pas nier que les audiences du 20 heures soient chahutées mais pas plus que les audiences de la chaîne." Il est vrai que le mastodonte qu'est TF1 connaît un véritable passage à vide et doit pour la rentrée prochaine redresser la barre. Cible de nombreuses critiques - des attaques dont elle confie avoir souffert -, la journaliste n'a jamais été découragée : "Il y a eu beaucoup d'injustices, mais elle ne m'ont jamais fait renoncer. Quatre ans, c'est déjà bien. Il fallait tenir !"
"J'ai envie d'une émission plus libre"
Si Laurence Ferrari quitte le JT, c'est aussi certainement car elle ne se sentait plus complètement à l'aise dans cet exercice : "J'ai fait le constat que cet exercice n'est pas celui qui me convient le mieux. J'ai envie d'une émission plus libre, moins codifiée où l'on ne me demandera pas de rentrer dans un moule." Ce talk-show quotidien sur Direct 8 sera donc pour Laurence Ferrari l'occasion de dévoiler une facette différente de sa personnalité.
Habituée aux magazines de société et politiques, Laurence Ferrari a envie de revenir à ce genre, dans lequel elle peut s'exprimer pleinement. Lasse de subir l'obligation de neutralité qui incombe aux présentateurs de journaux télévisés, elle n'a qu'une hâte : exprimer ses opinions. "J'ai cette tonalité magazine que je n'ai pu exprimer au sein du Journal. J'ai envie de la retrouver. La volonté et l'enthousiasme me portent", explique-t-elle. Au programme de ce futur talk-show : sujets d'actu, faits de société, politique mais aussi culture et sujets de consommation.
TF1 dans la tourmente
Quid de l'avenir de la rédaction de TF1, bien mise à mal après cette élection présidentielle (on a parlé d'une possible éviction de Catherine Nayl, directrice de l'information, après les audiences très moyennes des émissions politiques) ? Laurence Ferrari ne s'inquiète pas : "C'est une grande rédaction. Elle a existé avant moi et personne n'est irremplaçable. Je lui souhaite le meilleur." La journaliste souligne aussi le soutien qu'elle a reçu de la part de Nonce Paolini, PDG de la chaîne, qui était là dans les moments difficiles. Qui pour la remplacer ? Les rumeurs vont bon train concernant sa succession : si le nom de Laurent Delahousse est cité, il se pourrait que TF1 fasse le choix d'un candidat interne.
Avec son départ, Laurence Ferrari ouvre un nouveau chapitre et est bien décidée à se lancer pleinement dans sa nouvelle aventure, ne regardant plus en arrière : "Nous avons partagé un bout de chemin. Maintenant, je reprends ma route pour une nouvelle aventure dans le groupe Canal+ qui s'annonce passionnante."
Sereine et enthousiaste, Laurence Ferrari est prête à embrasser son nouveau destin, soutenue par sa famille. Son mari et père de son troisième enfant, Renaud Capuçon a ainsi tweeté ce matin : "Plein d'admiration pour le travail et le courage de @LaurenceFerrari pendant ces 4 années a Tf1.Je suis très fier de la femme que j'aime."