Rien ne pourra jamais, de toute évidence, être consensuel pour tout ce qui concerne le prince Laurent de Belgique. Après deux semaines d'hospitalisation aux cliniques universitaires Saint-Luc, à Bruxelles, en raison d'une grave pneumonie, le frère du roi Philippe, dont les frasques ont régulièrement fait les choux gras de la presse du Plat Pays, a progressivement été sorti la semaine dernière du coma artificiel dans lequel il avait été plongé pour optimiser son traitement, et a quitté ce jeudi 3 avril 2014 le service des soins intensifs. Mais pas vraiment dans le calme et la sérénité absolus...
Bilan de santé : signaux au vert
Sur le fond, tout va pour le mieux. Admis très discrètement le 18 mars aux cliniques universitaires Saint-Luc dans le quartier Woluwe-Saint-Lambert de la capitale, est sorti des soins intensifs, selon une source proche de la famille royale citée par RTL.be, qui précise que "le prince n'est plus sous respirateur artificiel mais [que] son traitement se poursuit et des examens doivent encore avoir lieu". Sa sortie de l'hôpital n'est pas encore à l'ordre du jour. "Son état de santé nécessite encore une surveillance et un traitement adapté", a fait savoir cette semaine l'équipe médicale, qualifiant l'état du patient "d'intermédiaire".
Sur la forme, en revanche, la plus grande confusion règne. Depuis le début de la saga clinique, révélée par les médias, le palais royal s'est montré tâtillon. Il avait fallu au service de presse de la cour pas moins de trois jours après l'admission du prince Laurent pour communiquer - contraint et forcé - et confirmer l'information, découverte et divulguée par les médias. Et, malgré les spéculations que la nouvelle avait engendrées concernant les motifs de l'hospitalisation du prince Laurent (de l'hypothèse d'un état de grande fatigue à celle d'une dépression liée notamment à la réforme de sa dotation royale), motus et bouche cousue. La semaine suivante, alors que l'explication d'une pneumonie aiguë avait fait surface, le porte-parole du palais avait indiqué que le prince avait été placé en coma artificiel dans le cadre des soins qu'il recevait, maintenant une communication ultraverrouillée et imperméable concernant les affaires privées de la famille royale. Un voeu de silence qui a été mis à mal... Et le scandale est venu de là où on ne l'attendait pas.
"L'avenir de Laurent" : alerte niveau orange !
Absents du royaume, pour cause de vacances à l'étranger, alors que leur fils se trouvait sur son lit d'hôpital, le roi Albert II et son épouse la reine Paola, qui prenaient régulièrement des nouvelles par téléphone auprès de la princesse Claire, épouse de Laurent quotidiennement à son chevet, n'ont pas manqué de signaler leur retour, d'une manière qui n'a guère plu au nouveau souverain en place, leur fils aîné Philippe. Mardi, Albert et Paola pouvaient enfin se rendre aux cliniques Saint-Luc pour voir Laurent. Mercredi, leur conseiller le lieutenant général Vincent Pardoen, chef de la Maison du roi Albert II, publiait un communiqué en leur nom, dans lequel l'ancien couple royal confiait sa vive émotion : "Après notre visite d'hier aux Cliniques St Luc, mon mari et moi avons été très émus de pouvoir voir quelques instants notre fils Laurent. En tant que mère, j'ai envie de vous faire part franchement de mes sentiments. Laurent est, de mes enfants, en ce moment le plus vulnérable et je lui accorde toute mon affection et toute mon attention. (...) Jour après jour, nous suivons l'évolution de son état avec un souci de père et de mère. (...) Nous sommes particulièrement soucieux de l'avenir de Laurent qui, dès sa sortie de clinique, doit pouvoir trouver et développer un avenir épanouissant et valorisant pour lui-même, pour Claire, pour Louise, Nicolas et Aymeric, avec notre soutien et notre aide."
Un communiqué qui comporte explicitement deux niveaux de lecture. Si le premier, concernant l'inquiétude logique du roi et de la reine en tant que parents, ne donne pas matière à débattre, le second est nettement plus intrigant, lorsqu'on évoque "l'avenir épanouissant et valorisant" que le prince Laurent doit trouver. Une formule qui semble faire directement écho au désir affiché de l'intéressé, depuis l'avènement sur le trône de son frère aîné Philippe le 21 juillet 2013, de jouer un rôle prépondérant dans la nouvelle représentation de la monarchie. Sous le règne de leur père Albert, le prince Laurent, privé de rôle véritable, manifestait ses envies de vie publique en faisant ses petites affaires au nez et à la barbe du palais royal - ce qui lui a valu d'être longuement radié des activités officielles de la famille royale. Mais avec la nouvelle ère ouverte par l'investiture du roi Philippe, dont on dit qu'il compte bien s'appuyer sur son frère Laurent et leur soeur Astrid, le cadet, qui a déjà représenté son aîné au cours des derniers mois, est plus que jamais de retour dans la partie (d'ailleurs, selon Le Soir, le palais négocierait avec la FAO - l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture - pour qu'il soit chargé d'une mission d'ambassadeur de bonne volonté). Pas assez à son goût ? C'est ce qu'invite à se demander la déclaration d'Albert et Paola, laquelle remet la thèse de la déprime au goût du jour. D'autant que l'ancien couple royal et le prince Laurent ont une autre frustration en commun : comme Laurent et son épouse Claire, dont la rente royale a été soumise à l'impôt, le roi Albert et la reine Paola auraient très mal digéré la réduction de leurs émoluments après leur départ "à la retraite".
Un court-circuitage qui fâche : carton rouge !
L'embrouille ne s'arrête pas là... Ce communiqué, le roi Philippe de Belgique l'aurait pris de plein fouet, alors même qu'il était en pleine réception du président chinois, en visite officielle. Non seulement parce qu'il n'est pas passé entre les mains du service de presse du palais, étape obligée pour des raisons "de cohérence et de coordination", mais aussi en raison des insinuations de manque de considération à l'égard de Laurent qu'on peut y deviner, et qu'il jugerait parfaitement infondées. Journaliste pour RTL Belgique, Chantal Monet avance que Vincent Pardoen, conseiller du roi Albert et le reine Paola, aurait "discuté de l'opportunité de publier ce texte avec le service de presse du palais, mercredi, mais ce dernier l'a trouvé maladroit, inopportun, et a décidé de ne pas le publier". Le proche de l'ancien couple royal aurait alors décidé de "court-circuiter la voie officielle pour transmettre lui-même le texte à l'agence Belga". Et la journaliste de signaler qu'il "n'en est pas à sa première bourde" : "c'est déjà lui, il y a quelques mois, qui avait été se plaindre auprès des politiques de la dotation du roi Albert et de la reine Paola, sans en informer le roi Philippe."
Une situation, somme toute, bien étrange et délétère. Une fois parfaitement rétabli, le prince Laurent aura certainement son grain de sel à y mettre...
G.J.