Vendredi 13 novembre 2015, la France affronte l'Allemagne en match amical. Aux abords du Stade de France, trois kamikazes se font sauter, tuant un innocent venu assister à la rencontre. Dans l'enceinte, les joueurs poursuivent leurs efforts, sans savoir que les trois explosions entendues sont le prélude à une nuit d'horreur.
Invités de Mouloud Achour dans son émission Clique diffusée le 16 décembre, Blaise Matuidi, Raphaël Varane et Mamadou Sakho racontent cette soirée qui restera gravée dans leur mémoire.
Beaucoup de tristesse
Blaise Matuidi, incontournable milieu de terrain du PSG et des Bleus, présent ce soir-là sur la pelouse, raconte : "On n'était pas informé et ce n'était pas plus mal (...) On était dans le match, on entend ces deux explosions. Sur le coup, on pense à des bombes agricoles, dont on a l'habitude. Au coup de sifflet final, on a été mis au courant. On était choqué, il y avait beaucoup de tristesse. C'était un jour que l'on n'aimerait pas revivre, un jour sans."
Taulier de la défense tricolore à seulement 22 ans, Raphaël Varane se souvient lui aussi de l'ambiance pesante d'après match : "On a pensé à nos proches qui étaient au stade, on a ensuite suivi tout ce qui s'est passé, on était tous attristé." Le Parisien pur jus, Mamadou Sakho, blessé ce jour-là, n'a qu'une phrase à la bouche : "Ça fait mal." L'ancien du PSG, formé au club et aujourd'hui à Liverpool ajoute : "J'avais mal au coeur de voir la France en sang."
C'était horrible, mais il fallait continuer de vivre
Mais pas question de retrouver leur famille, alors que Djibril Cissé, présent en tribune, s'inquiète pour son fils, gardé par la nounou en face du Bataclan. La France a un match à jouer en Angleterre quelques jours après et les joueurs se retrouvent loin des familles "coupés un peu de tout", "un moment très dur" pour Blaise Matuidi. "C'était horrible, mais il fallait continuer de vivre. C'est ce qu'on a essayé de faire. On avait un match à jouer, on n'avait pas la tête à ça, mais il fallait représenter le pays. On l'a fait avec notre coeur et avec beaucoup d'émotion", poursuit le milieu parisien, qui a une pensée émue pour Lassana Diarra, dont la cousine a trouvé la mort au Bataclan, et qui portait le maillot tricolore en Angleterre.
Avec Mouloud Achour, ils évoquent ainsi leur idée de la France. Celle de Mamadou Sakho, pour qui "c'est un mélange de culture, être tolérant envers l'autre", quand Raphaël Varane y voit "des valeurs communes". "Main dans la main, tous ensemble, on peut avancer et faire de belles choses, poursuit Mamad Sakho. La France a été une terre d'accueil pour nos parents (...) Les enfants d'immigrés doivent être fiers d'être français (...) Nouveaux, anciens, peu importe, on est tous français."
Auparavant, c'est avec un peu plus de légèreté que Mouloud Achour auscultait les comptes Instagram des uns et des autres. L'occasion de constater que la famille occupe une place centrale chez nos footeux, notamment Blaise Matuidi et Mamadou Sakho, mariés et pères de famille. Le premier, heureux papa de trois beaux enfants dont le petit dernier, Eden, a vu le jour en avril dernier, s'explique avec émotion : "La famille, c'est sacré. Je suis fier d'avoir cette famille. La chance d'avoir trois beaux enfants. Magnifiques enfants, parce que 'beau' c'est pas suffisant."
Et Mamadou Sakho d'évoquer sa belle Majda : "Fier d'avoir rencontré ma femme il y a neuf ans de cela. Et maintenant, on est quatre. Quand tu grandis, que tu es posé et que tu as des enfants, ta mentalité change, tu évolues et tu vois la vie différemment. Je suis fier."
Mouloud Achour et ses invités Blaise Matuidi, Mamadou Sakho et Raphaël Varane sont à retrouver sur le site internet de l'émission Clique dans un bel entretien