Alors que Téléphone célèbre son 40e anniversaire, trois des membres originaux du groupe poursuivent une tournée triomphale à travers la France sous un nouveau nom : Les Insus ?. Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka (dont le fils qu'il a eu avec Marie Trintignant, Roman, est acteur et l'une des révélations des César 2017) ont repris la route avec leurs anciens tubes, mais sans Corine Marienneau, leur bassiste. Pour la première fois depuis qu'ils ont retrouvé la route et leurs fans, les trois rockeurs se confient et s'expliquent, sans prendre de gants, sur l'absence de Corinne.
Sans elle, ils leur étaient légalement impossible de tourner sous le nom de Téléphone. Qu'importe, la nostalgie autour du groupe est suffisante et Les Insus ? affichent complet depuis leur concert surprise dans la petite salle du Point Ephémère à Paris, le 11 septembre 2015. Le succès est tel qu'après 55 concerts en 2016 devant près de 700 000 spectateurs, la tournée est prolongée en 2017 jusqu'à un grand final au Stade de France en septembre 2017.
Interrogé par Le Parisien (édition du 15 novembre), les trois garçons évoquent l'absence de leur bassiste historique, remplacée sur scène par le discret Aleksander Angelov, un Bulgare de 39 ans, proposé à ses camarades par Jean-Louis Aubert. "Pendant trente ans, on s'est pas téléphoné, on ne s'est pas vus, raconte Louis Bertignac. Elle a envoyé une lettre recommandée, c'est tout." Et d'ajouter : "Il n'y a plus d'amour. Et c'est la première à dire qu'un groupe, c'est une histoire d'amour. On aurait reçu il y a dix ans, trois ans, une lettre : 'Les mecs, vous me manquez, je vous aime...' Cela aurait tout changé." Aubert, lui, regrette la tournure prise par leur relation : "Ce n'est pas comme ça qu'on joue avec les gens. Ou en parlant dans la presse." Quant à Richard Kolinka, c'est peut-être le plus expéditif sur Corine Marienneau : "Moi, elle ne m'aime pas et je ne l'aime pas. Je ne peux donc pas jouer avec elle."
Durant l'existence du groupe, de 1976 à 1986, Corine a vécu des histoires d'amour avec Louis Bertignac et Jean-Louis Aubert. Elle aussi très mal vécu l'effet groupies, ses filles qui suivaient Téléphone. Des années plus tard, c'est pourtant elle, seule, qui s'est chargée du projet d'intégrale Au coeur de Téléphone sortie en 2015. Sur le plateau d'On n'est pas couché, cette année-là, elle donnait une autre version que ses anciens camarades : "Ils ne veulent pas que je vienne. Cela fait trente ans que je leur dis : 'On arrête les conneries, on y va.' Les petits problèmes perso d'ego, par rapport à ce qu'on fait, c'est rien (...) Le fait que je sois triste n'est pas important. Ce qui est grave et triste, c'est que vous ne puissiez pas revoir le groupe Téléphone." Reste que le succès des Insus ? est indéniable : à défaut de nouvelles chansons, un album et un DVD live sont annoncés. Si ne ce n'est pas Téléphone, cela y ressemble beaucoup...
Pendant trente ans, on s'est pas téléphoné, on ne s'est pas vus
C'est donc Aleksander Angelov qui remplace Corine, réclamée par certains fans lors des concerts. Le bassiste réagit dans le Parisien : "Je n'ai jamais rien ressenti de négatif. J'ai un peu culpabilisé au début, mais pour tous les bassistes qui auraient voulu être à ma place."
L'autre thème abordé par les garçons avec Le Parisien, c'est la réouverture du Bataclan, samedi 12 novembre, avec un concert de Sting. Si certains se sont demandé pourquoi ce n'est pas un artiste français qui a inauguré la salle, un an après les attentats, Jean-Louis Aubert estime que la responsabilité était sans doute trop lourde : "La question s'est posée. J'ai regardé le concert de Sting et je crois que c'était bien que ce soit dans une autre langue avec la musique d'abord. Chanter La Bombe humaine ou Au coeur de la nuit, j'aurai chialé avant la fin. Et New York avec toi ou Ça (c'est vraiment toi) auraient été très décalées. On jouera un jour au Bataclan, j'espère, mais je ne pense pas qu'on aurait pu porter ce moment."