Très attendu, le troisième volet de la saga Les Visiteurs, sous-titré La Révolution, se dévoile un peu plus avec son affiche. Rapidement partagée sur les réseaux sociaux, l'image a toutefois provoqué des critiques : alors que neuf acteurs figurent dans leur costume, il n'y a, en haut de l'affiche, que huit noms. Celui qui manque est Pascal N'Zonzi (ou Nzonzi) et cette absence laisse songeur. Le producteur et distributeur du film, Gaumont, a réagi à la demande du site Challenges.fr. Purepeople profite de l'occasion pour braquer les projecteurs sur ce talentueux comédien.
Le seul acteur noir du film apparaît sur l'affiche, mais son nom ne figure pas avec ceux de tous les autres comédiens principaux. L'oubli n'a pas été apprécié...
Contacté par toutlecine.challenges.fr, "Gaumont a d'abord justifié des raisons contractuelles. En effet, lorsqu'un comédien signe pour tourner un film, sont décidés également la présence de son nom sur l'affiche, mais aussi le lettrage ou la typographie. Il semble donc que le contrat de Pascal N'Zonzi ne stipulait pas l'obligation d'apparaître en haut de l'affiche... Les studios ont ensuite expliqué que chaque film dépend de contrats bien spécifiques qui réglementent le matériel promotionnel, rappelant qu'il n'existe aucune règle normative pour élaborer une affiche de film." Taxée de racisme par certains, la société de production et de distribution a déclaré ensuite que le choix de ne pas aligner le nom de Pascal N'Zonzi avec celui des autres comédiens "n'a rien à voir avec sa couleur de peau". Les studios qualifient cette polémique de "démente" et donnent également un autre argument : "Nous avons produit Chocolat [sur le premier artiste noir devenu star, incarné par Omar Sy, NDLR]! "
Accuser Gaumont de racisme ? Difficile d'imaginer que la grande entreprise française ait volontairement omis son nom en raison de sa couleur de peau ! Cependant, mettre Pascal N'Zonzi en haut de l'affiche, comme certains de ses partenaires, aurait pu braquer les projecteurs sur un acteur noir autre qu'Omar Sy pour une fois, afin que son patronyme s'inscrivent dans la mémoire des futurs spectateurs. Dans le milieu du cinéma, toutes les parties ont un rôle à jouer pour que la représentation de la diversité progresse.
D'autant que Pascal Nzonzi est loin d'être un inconnu ! Plus de 12 millions de téléspectateurs l'ont vu et ont ri avec lui, puisqu'il incarnait le personnage de papa mariant son fils dans Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
Présent aux côtés de la regrettée Bernadette Lafont dans Paulette, c'est également lui le fameux "ministre des Cabinets" de la comédie du duo délirant Thomas Ngijol et Fabrice Eboué, Le Crocodile de Botswanga.
Agé de 65 ans et né à Lutendele, en République du Congo, Pascal N'Zonzi a été formé, selon son CV d'artiste sur Africultures, au Théâtre national congolais, au Centre de formation et de recherche d'art dramatique de Brazzaville, à la Maison de la culture du Havre et au Conservatoire supérieur national d'art dramatique de Paris - par Pierre Debauche. Il pratique la guitare, les percussions et le chant. Il a aussi une belle filmo en matière de doublage en français : Malcolm X (Baines), Rasta Rockett (Derice Bannock), Kirikou et Les Bêtes sauvages (le vieillard), Django Unchained (voix de Stephen, joué par Samuel L. Jackson) ou encore Aya de Yopougon (Bonaventure Sissoko).
En entretien pour L'Echo républicain, Pascal N'zonzi avait expliqué plus en détails être un autodictate : "Ma rencontre avec la littérature a commencé par la poésie. C'est elle qui m'a ensuite emmené au théâtre. Tous ces textes vibrent en moi. Ma carrière s'est faite grâce à l'amour des grands poètes." Son envie de théâtre avait commencé tôt, à 18 ans. "J'étais dans un groupe vocal à Brazzaville, où je lisais des textes. Lors d'une représentation, un acteur était dans l'assistance. Il est venu me voir à la fin et m'a dit : 'Viens, tu vas faire du théâtre'." Et c'est sur les planches qu'il comprend que sa place est là.
Toujours en interview pour L'Echo républicain, il avait fait part de ses impressions sur la place des comédiens dans la société, face au carton de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? : "Il ne faut pas se tromper sur notre rôle. Le film ne va pas changer le système. Nous, les acteurs, on est là pour divertir. Si les spectateurs se reconnaissent dans certains personnages, tant mieux. Mais nous sommes avant tout des poètes, des fous du roi, là pour faire passer un moment de détente aux gens, pour qu'ils oublient leurs soucis quotidiens, rien d'autre."
Le comédien lutte néanmoins pour s'éloigner des stéréotypes, comme on peut le lire dans Jeune Afrique : "Qu'est-ce qui nous est donné à jouer ? interroge-t-il. Des dictateurs, des dealers... Comment notre communauté peut-elle se reconnaître dans ces oeuvres-là ? La nouvelle création se veut aussi un acte citoyen."