La descente aux enfers se poursuit et s'accentue pour Iñaki Urdangarin : mis en examen et en attente de jugement pour détournement de fonds à Majorque dans le dossier de l'Instituto Noos et de l'affaire de la Palma Arena, et attendu de nouveau en février (le 23) au tribunal de Palma par le juge José Castro pour des soupçons de fraude fiscale qui viennent s'ajouter, le gendre du roi Juan Carlos Ier d'Espagne est sur une pente glissante. Et son beau-père le roi, lui-même dans une position délicate, n'hésite pas à savonner la planche : le mari de l'infante Cristina, vu cette semaine lors d'une rencontre du Mondial de handball à Barcelone avec deux de leurs enfants, vient d'être effacé du site officiel de la Maison royale.
Au vu de la grande offensive lancée en 2013 par le roi Juan Carlos Ier pour tenter de reconquérir le coeur et la confiance de ses compatriotes, très affectés par une année 2012 émaillée de scandales très embarrassants (notamment l'affaire de corruption touchant Iñaki et son propre accident de chasse au Botswana), on se demandait combien de temps il mettrait à enfoncer un peu plus le mari de sa fille l'infante Cristina. Pas longtemps, de toute évidence.
De même qu'il avait rapidement choisi de bannir très officiellement des activités de la famille royale son gendre en décembre 2011 après l'éclatement dans les médias du scandale Noos (une affaire de détournement de fonds dont le souverain était possiblement peu ou prou au courant, puisqu'il avait intimé à Iñaki Urdangarin de renoncer à la présidence de l'organisme Noos et à accepter un poste à Washington), de même Juan Carlos Ier met un maximum de distance entre lui et l'accusé, à l'aube d'une année qui le verra traduit en justice. Il semblerait, comme fin 2011, qu'on soit dans un schéma action-réaction : il y a quelques jours, la presse ibérique rapportait que l'ancien héros du hand espagnol (multiple champion d'Espagne et champion d'Europe avec le club de Barcelone, deux fois médaillé de bronze olympique avec la sélection nationale) était de nouveau convoqué à Palma de Majorque par le juge saisi du dossier du scandale Noos. José Castro, un an précisément après l'avoir longuement auditionné sur le détournement de 5,8 millions d'euros dans le cadre de la création d'un congrès international sur le sport et le tourisme aux Baléares, veut cette fois entendre le duc de Palma, menacé d'une caution de 8,1 millions d'euros que son avocat conteste, au sujet de fraudes fiscales présumées d'un montant minimum de 470 000 euros sur la période 2007-2008. Il l'auditionnera le 23 février, une semaine après son ancien associé Diego Torres, tombé dans le dossier Noos, dont l'avocat a présenté cette semaine au juge une lettre produisant des e-mails mettant en cause Garcia Revenga, secrétaire particulier et fidèle soutien de l'infante Cristina. Ce dernier a d'ailleurs publié un communiqué pour démentir la moindre implication dans leurs affaires et se mettre à la disposition de la justice pour prouver son innocences.
"Une volonté claire de marquer une distance"
Et voilà qu'Iñaki Urdangarin disparaît purement et simplement des pages officielles de la monarchie, après avoir disparu de ses cérémonies officielles. "Il paraissait donc logique qu'il n'eût pas de page personnalisée. Il ne représente pas la Couronne. C'est une marque de distance", a expliqué à l'AFP une source des services du roi, qui voudrait faire croire qu'il n'y a "pas de relation directe" entre cette initiative et la nouvelle convocation de l'intéressé. Et de préciser : "il y a une volonté claire qui n'est pas nouvelle mais, disons, rénovée, de marquer très clairement la distance, la séparation entre le plan personnel et le plan institutionnel." Effectivement, c'est très clair : le duc de Palma répondra de ses actes devant la justice. "La phrase du roi - "la justice est la même pour tous" - n'est pas une phrase en l'air mais la volonté de la Couronne", a insisté cette source, faisant référence à un passage clé du discours des fêtes de fin d'année 2011 prononcé par Juan Carlos Ier, que tous les observateurs avaient interprété comme une allusion directe au scandale de son gendre dont il avait déjà pris ses distances et dénoncé le comportement.
Iñaki Urdangarin reste toutefois présent sur le site de la famille royale, mais uniquement dans sur la page personnelle de l'infante Cristina, "parce qu'il n'a pas cessé d'être le père de ses enfants, le mari de sa femme, le gendre, le beau-frère. C'est ainsi, sauf s'il y avait eu un changement de son état civil, de son statut familial, mais cela n'est pas arrivé et ce n'est en aucune manière prévu", a-t-on encore expliqué à l'AFP. Maigre consolation. Ça, et le fait d'avoir vu hier l'Espagne se qualifier pour la finale du Mondial de handball.