Après avoir eu vent d'une troisième tentative par Françoise Meyers-Bettencourt de la placer sous tutelle en saisissant le juge de Courbevoie (Hauts-de-Seine) cette fois, Liliane Bettencourt a décidé de contre-attaquer. Mercredi 20 octobre, elle déposait plainte contre sa fille, via son avocat Me Pascal Wilhelm, auprès du parquet de Nanterre pour "violences morales".
Après avoir dressé un portrait au vitriol de sa fille dans Paris Match, et d'avoir réaffirmé sa pugnacité dans Gala, l'héritière de L'Oréal a répondu aux questions de Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1. Un extrait de cette interview exclusive, diffusée en intégralité lundi 25 octobre, a été dévoilé vendredi soir. L'héritière se dit "prête à la bataille" contre sa fille : "Je pense que si je ne peux pas faire autrement, oui (...) Si je ne peux pas faire autrement, oui, je suis prête à la bagarre. Elle ne me ménage pas."
Elle prononce également des mots très durs sur sa fille : "Je la dérange évidemment, mais pour faire des choses dans la vie, il faut avoir de la force. Je ne sais pas si elle a cette force-là."
Après des semaines de discrétion médiatique, Liliane Bettencourt s'est rarement autant exprimée que ces dernières semaines. Outre ces déclarations, il y a cette lettre qu'aurait envoyée son clan à sa fille pour lui demander de céder ses parts à Jean-Victor Meyers, le petit-fils de l'héritière. L'idée étant de sauter une génération dans la succession sur le modèle des Agnelli chez Fiat, en Italie. Cette information, avancée par Paris Match, a depuis été confirmée par un proche à l'AFP, puis étayée dans Le Figaro.
Liliane Bettencourt voudrait ainsi évincer sa fille mais surtout son gendre du conseil d'administration du groupe pour les empêcher, à son décès, de vendre L'Oréal à Nestlé, deuxième actionnaire. Françoise Bettencourt-Meyers et son époux ont toujours formellement nié de telles intentions.
Cependant, les avocats de Liliane Bettencourt nient l'existence d'une telle manoeuvre. Me Georges Kiejman déclare à ce propos : "Ce n'est pas un schéma (de succession, ndr) auquel Liliane Bettencourt a réfléchi et qu'elle voudrait mettre en oeuvre. C'est astucieux, mais ce n'est pas à l'ordre du jour."
Ce qui l'est, en revanche, c'est le refus de Liliane Bettencourt de se présenter devant la juge Prévost-Desprez chargée d'enquêter sur un éventuel "abus de confiance" de l'artiste François-Marie Banier. Me Georges Kiejman avançait, vendredi, des "questions de principe" sans en préciser la nature.
La milliardaire n'aura sans doute pas à le faire car la juge Prévost-Desprez - soupçonnée d'avoir violer le secret de l'instruction – pourrait être dessaisie du dossier : le procureur général de Versailles, Philippe Ingall-Montagnier, a demandé vendredi soir à la Cour de cassation de se prononcer sur le renvoi de l'enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction et le dépaysement de la procédure contre François-Marie Banier. C'est l'issue probable d'une guerre terrible entre le procureur du paquet de Nanterre Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez. Ces deux magistrats ont pourtant travaillé ensemble pendant des années en étant très liés et très complices... Que s'est-il donc passé entre eux ?
L'avocat de Liliane Bettencourt se dit "satisfait" de cette demande.