Impossible de manquer Maïwenn ce mois-ci. En couverture de dizaines de magazines pour parler de son troisième film, Polisse, la jeune réalisatrice de 35 ans aura joué à merveille le jeu de la promotion. De son immersion dans la Brigade de protection des mineurs à la difficulté de trouver les financements, de son histoire d'amour avec JoeyStarr au prix du jury remis par Robert de Niro à Cannes en mai dernier, Maïwenn offre tout.
Mais parce que l'actrice au franc-parler a presque tout dit sur son film, ce sont deux reportages sur le tournage de Polisse qui prennent le relais de ses confidences. L'occasion de découvrir les coulisses d'un tournage difficile lors de deux scènes spectaculaires - une perquisition et une fusillade dans un centre commercial - où la réalisatrice en pleine action dirige ses acteurs et négocie avec son équipe.
Précédé d'une presse élogieuse, Polisse sort mercredi et devrait naturellement être un succès dans les salles. Pour Maïwenn, c'est tout ce qui compte désormais : "Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est le succès public, mais ce sujet est difficile, glauque. Et je comprends que les gens qui vont au cinéma une fois par an privilégient Les Ch'tis," dit-elle à l'AFP.
Pourtant, le tour de force de Polisse est justement de mélanger le tragique et le comique, d'alterner les confidences terribles d'enfants abusés et le quotidien parfois tordant des policiers : "J'y tenais énormément car c'est justement le contraste de la vie : on peut assister à l'enterrement d'un proche et avoir un fou rire au bord de la tombe. J'aime aussi ça chez mes amis, ce pouvoir de désacraliser la vie par l'humour : c'est la politesse du désespoir," lit-on dans l'interview qu'elle donne à l'AFP.
Après les succès de Pardonnez-moi et Le bal des actrices, Polisse résonne comme la consécration de Maïwenn. Pourtant, son succès est loin de faire l'unanimité : elle déclarait notamment que Mélanie Laurent, maîtresse de cérémonie à Cannes, l'avait traitée de folle. La réalisatrice se confie à Madame Figaro : "Je me suis sentie agressée par une certaine famille du cinéma français. Je me doutais qu'on m'attendrait au tournant et qu'on ne me pardonnerait aucun faux pas. Je sais que, sur scène, ravagée par l'émotion, je n'ai pas fait très attention à ma 'remettante', Chiara Mastroianni, et qu'elle m'en a voulu."
Sur un petit nuage, Maïwenn songe tranquillement à son prochain film, mais avoue qu'après Polisse, elle est exténuée : "J'ai imaginé ne plus tourner tellement j'en suis ressortie lessivée. Oui, j'ai sans doute vécu la pire expérience professionnelle de mon existence avec Polisse. Aujourd'hui encore, j'ai le cerveau en miettes." On la verra dans la peau de comédienne pour Télé Gaucho, avec Eric Elmosnino, dirigée par Michel Leclerc (Le Nom des gens).
Polisse, de et avec Maïwenn, et aussi avec Karin Viard, Marina Foïs, JoeyStarr et Emmanuelle Bercot, sort le 19 octobre 2011.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans Madame Figaro, édition du samedi 15 octobre 2011.