Michael Douglas outragé, Michael Douglas brisé, mais Michael Douglas Liberace. Prendre le verbe du général de Gaulle pour illustrer la beauté du combat personnel de Michael Douglas pour vivre, encore, et défier la mort avec classe dans le film Ma vie avec Liberace n'a rien d'exagéré. La métaphore n'est pas anodine. Si dès ce mercredi 18 septembre, Michael Douglas brille sur les écrans français dans la peau de l'excentrique pianiste Liberace, l'acteur hollywoodien revient de loin très loin.
Frappé par la maladie, un cancer de la gorge, bousculé par la presse people et les incessantes rumeurs estivales autour de sa rupture avec Catherine Zeta-Jones, meurtri par les soucis judiciaires de son fils Cameron... Michael Douglas a cumulé les malheurs ces derniers mois. Sa carrière en berne, les médias concentrés sur son cancer en rémission, Michael Douglas revient tout en discrétion sur les plateaux de tournage. Son ami Steven Soderbergh et son complice Matt Damon l'attendaient, patients. Quelques mois plus tard, le verdict tombe au Festival de Cannes, où ne cachant ses larmes et son émotion, partagée par les festivaliers, Michael Douglas est largement salué pour sa formidable prestation dans la peau de ce virtuose, musicien et homme d'affaires fantasque et homosexuel, emporté par le sida en 1987.
"Jouer Liberace m'a permis de tout donner, d'exprimer tous ces sentiments", clame l'acteur âgé de 68 ans. Oui, Liberace lui a sauvé la vie, en un sens. Non pas que Douglas soit en quête d'une rédemption ou même d'un exutoire, mais le comédien, poussé dans ses retranchements, sort de ses gonds pour apparaître éblouissant dans Ma vie avec Liberace. Car au fond, si Michael Douglas a combattu la maladie et balayé les rumeurs de rupture autour de son couple, il n'a pas oublié les douleurs, physiques ou sentimentales, traversées pendant cette longue période, et se bat encore par exemple pour son fils, emprisonné après s'être fait happer par le cercle vicieux de la drogue et du trafic.
Au crépuscule d'une nouvelle décennie pour lui, Michael Douglas débute comme une seconde carrière. Tout un symbole, puisqu'il aura sublimé le dernier long métrage au cinéma de Steven Soderbergh. Liberace n'aurait peut-être pas été aussi bon dans un autre moment de la carrière de Michael Douglas. Chapeau, l'artiste.
C.R.