Docteur le plus connu du PAF, surtout pour ses blagues, Michel Cymes (57 ans) n'est pas qu'un boute-en-train qui aime discuter anatomie. Chamboulé par son passé familial - ses deux grands-pères sont morts à Auschwitz -, le médecin qu'il est a tenté de comprendre comment des hommes de science ont pu mettre leurs compétences au service des camps de concentration et d'extermination. Une analyse qu'il partage dans son ouvrage Hippocrate aux enfers (Éditions Stock).
"Mon livre n'est pas écrit par un juif pour les juifs ! Ni pour faire pleurer sur le sort des juifs à cette époque", précise d'entrée celui que l'on retrouve dans le Magazine de la santé aux côtés de Marina Carrère d'Encausse.
Comme on peut le deviner, Hippocrate aux enfers a été particulièrement difficile à écrire puisque ce sujet touche l'histoire même de la famille de Michel Cymes. "Ce livre m'a valu pas mal de cauchemars, d'angoisses. Je pense qu'il y aura un avant et un après", lâche avec sincérité celui qui a tenu à visiter Auschwitz il y a sept ans. Un camp dans lequel Chaïm, son grand-père paternel d'origine polonaise, est mort à l'âge de 40 ans, en 1942. "Il est arrivé en juin 1942 dans le convoi numéro 7, l'un des premiers partis de Pithiviers, et il est mort en septembre de la même année. Quant au père de ma mère, il a été déporté à la fin de la guerre, mais je n'ai trouvé aucune trace", explique-t-il.
Choqué par les recherches qu'il a effectuées pour son ouvrage, Michel Cymes a été forcé de constater que la réalité dépassait ce qu'il imaginait : "Ils n'étaient pas tous fous, ces médecins de l'horreur, et pas tous incompétents. (...) Les complicités allaient des facultés de médecine prestigieuses aux laboratoires pharmaceutiques peu scrupuleux."
Difficile aussi pour lui d'imaginer que la sortie de son livre lui vaudrait des attaques. "J'ai eu des insultes sur Twitter, des gens qui me disent : 'Envoyez votre bouquin à Gaza, il s'en serviront comme PQ'", donne-t-il en exemple. Pourtant, entre histoire et réflexion, l'ouvrage de Michel Cymes a pour vertu de rafraîchir les mémoires, soixante-dix ans après la libération des camps de la mort.
Sarah Rahimipour
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Michel Cymes dans le magazine VSD, en kiosques le 29 janvier 2015.