"L'Université de Strasbourg, mise en cause dans une polémique suscitée par un livre de Michel Cymes [Hippocrate aux enfers, éditions Stock, NDLR] qui l'accuse de posséder encore dans ses murs des restes de victimes juives du nazisme, a catégoriquement réfuté mercredi ces accusations, évoquant des "rumeurs" (...) Celui-ci [Michel Cymes, NDLR] soutient que l'institution universitaire abriterait encore aujourd'hui des coupes anatomiques constituées à l'époque nazie, provenant de certaines des 86 victimes juives du médecin nazi August Hirt qui officiait durant l'Occupation à l'Institut d'anatomie de Strasbourg", écrivait le 28 janvier dernier une dépêche AFP. Des accusations indigestes pour le docteur le plus connu du PAF.
"Certains universitaires n'ont pas lu la vraie version du bouquin"
Invité à répondre à ces attaques dans Le Tube sur Canal+, celui qui est venu en aide à Patrick Cohen en direct il y a quelques jours dans C à vous, a répondu à ses détracteurs même s'il semblait exaspéré de devoir se justifier. "Cette polémique est née d'un chapitre consacré à l'institut d'anatomie de Strasbourg et surtout au professeur Hirt, médecin allemand qui exerçait là-bas pendant que la ville était annexée. Et Hirt voulait faire un musée du Juif", a-t-il commencé par expliquer. Jusqu'ici tout le mode est d'accord, tout comme sur le nombre de Juifs gazés, 86, dans ce but. C'est sur le devenir de ces ossements et restes que la polémique fait rage. Michel Cymes précise, toujours à Canal+ : "Un médecin m'avait dit avoir vu des bocaux avec des restes humains à la fin des années 1970. J'ai donc voulu aller voir et [la personne en charge de lui faire la visite] m'a juré grand Dieu qu'il n'y avait plus rien. Je n'avais aucune raison de ne pas le croire. Mais malheureusement, là-bas, certains universitaires n'ont pas lu la vraie version du bouquin et je pense qu'ils ont imaginé que je disais qu'il restait quelque chose. Ce n'est pas le cas."
"Tous les journalistes ne font pas forcément très bien leur travail"
Alors comment une polémique sur un passage qui n'existe pas a-t-elle pu prendre une telle ampleur ? Selon le collègue de Marina Carrère d'Encausse, qui a perdu ses deux grands-pères à Auschwitz, la réponse est "simple". "Les universitaires qui ont cru lire des choses que je n'avais pas écrites ont organisé une conférence de presse. Le journaliste de l'AFP a fait une dépêche en fonction de ce qui s'est dit (...) et comme malheureusement tous les journalistes ne font pas forcément très bien leur travail, la plupart des grands titres nationaux ont repris la dépêche sans avoir lu le livre", lâche-t-il.
Mais une dernière précision s'impose afin de lever les derniers soupçons concernant l'honnêteté du célèbre doc : le médecin qui a confié à Michel Cymes avoir vu des bocaux de restes humains a déclaré dans un premier temps s'être senti "trahi" dans la retranscription de ses propos, mais n'a pas nié les lignes citées dans le fameux livre.
Michel Cymes a donc juste cité, rien inventé et encore moins laissé entendre quoi que ce soit dans son ouvrage, n'en déplaise à ses détracteurs ! Loin d'être "un livre qui cherche plutôt à faire sensation", comme l'a défini Christian Bonah, professeur d'histoire de la médecine à l'Université de Strasbourg à l'AFP, l'ouvrage de Michel Cymes contribue à un devoir de mémoire, nécessaire.
Sarah Rahimipour