La vie de Mireille Darc n'a pas toujours été facile. Si elle revenait récemment sur l'opération à coeur ouvert qu'elle a dû subir dans les pages de Paris Match, "la survivante" décidé de révéler les plus lourds secrets de sa vie dans une biographie, Mireille Darc, une femme libre (éd. Flammarion), écrite par son ami photographe Richard Melloul, parue aujourd'hui, mercredi 6 novembre.
Une enfance difficile. "Nous étions pauvres", raconte Mireille Darc dans les pages d'Ici Paris. Mais ce n'est pas la pauvreté de ses parents Gabrielle et Marcel qui fut le plus difficile à surmonter. A 75 ans, la grande actrice ose enfin révéler un lourd secret. Depuis petite, elle s'est toujours demandée si son père est réellement son père. "Il lui arrivait de ne plus parler pendant six semaines. Il avait du mal à s'adresser à moi", se souvient Mireille. Elle se rappelle de cette terrible journée où il a tenté de se suicider sous ses yeux : "Il est brusque, il m'entraîne vers le grenier... Il n'explique rien, il monte avec moi dans cet escalier, s'arrête devant sa poutre. Il me reproche quelque chose..." Elle raconte qu'il lui a alors répété : "C'est à cause de toi." Puis, "il me déclare tout de go qu'il va se pendre, là, tout de suite. Devant moi. A cause de moi. Je pleure. Je ne veux pas qu'il meure. Je me recroqueville, je me repens d'une chose que je n'imagine même pas, j'implore son pardon. Je crie : 'Papa, je t'aime, je t'aime", déclare-t-elle.
Pour elle, il n'y a qu'une certitude à en tirer, sa mère a eu une aventure dont elle n'est autre que le fruit. D'où ce livre, Mon père (XO éditions), en 2008. Elle se demande encore aujourd'hui si son père est ce marin nommé Edmond, dont une médium lui avait parlé : "Le doute est là, qui colore toute ma vie."
Elle trouvera dans le cinéma un échappatoire, le moyen de s'offrir de nombreuses vies toutes différentes. Adolescente, celle qui fera pourtant rêvé le cinéma français, est "malgracieuse", "mal dans sa peau". Le manque d'argent est là. Elle accepte tout, prend la pose pour des peintres et va même vivre une expérience des plus atypiques. Dans son immeuble de l'époque, des filles de joie lui proposent : "Tu peux gagner facilement un peu d'argent. Et je te promets qu'il ne se passera rien pour toi." Mireille, encore vierge, doit regarder l'une d'elle faire l'amour avec un client : "Tandis qu'il se déshabille, puis se livre à sa gymnastique sexuelle, je reste assise sur un fauteuil, à la fois étonnée d'être là, honteuse d'assister à un spectacle aussi intime, et en même temps, curieuse." Ce client, directeur d'un grand magazine, Michel, deviendra finalement son premier amant. Celui qui lui fera aussi découvrir le grand monde et notamment, un très bel homme en pleine ascension : Alain Delon.
De sa mère, elle se rappelle d'un personnage des plus importants de sa vie. Dans les pages de Gala, un journaliste reprend une phrase de son livre : "C'est elle que j'adorais. J'avais tellement envie de lui plaire. Elle est décédée à quatre-vingt douze ans sans être jamais venue me voir au théâtre ni même au cinéma. Cela m'a beaucoup blessée..."
Au sujet de son opération au coeur, elle évoque un moment de sa vie des plus traumatisants. En décembre 2012, lors d'un rendez-vous de routine le cardiologue lui annonce qu'il y a un problème de sortie du sang qui se fraie un chemin dans une aorte rétrécie et qu'une opération est nécessaire. Mais pas question pour la star de céder à la panique. Comme prévu, elle célèbre Noël à New York, son mari Pascal la soutient et puis l'opération du coeur, de toute façon, elle connaît. À sa naissance en 1938, les médecins avaient déjà diagnostiqué une malformation cardiaque chez la jeune Mireille et en 1980 son compagnon de l'époque Alain Delon était là pour sa première intervention. Les suites traumatisantes de cette opération, elle a voulu en parler dans cet ouvrage, Une femme libre. Dans sa chambre de l'hôpital Georges Pompidou à Paris, elle est prise de terribles visions. Elle qui ne prend jamais de médicaments se retrouve sous morphine puis victime d'affreux cauchemars. Dans France Dimanche, on retrouve les déclarations de l'actrice : "Je vois des êtres collés à moi, des espèces de sauriens, des crapauds, ils m'attendent. Là, j'angoisse terriblement."
Cela durera de longues semaines. Terribles semaines. Dès qu'elle tente de s'endormir, ses visions surgissent. Elle ressent également une fatigue incommensurable. Solide, elle finit par s'en sortir. Le soutien de son mari Pascal lui est d'une grande aide, il l'aidera à manger, à dormir, à vivre à nouveau. Elle déclare à ce sujet : "Carrière, argent, tout disparaît. Et il ne reste qu'une chose véritable : l'amour, la vie." Une belle morale !
Mireille Darc, une femme libre, de Richard Melloul (Flammarion), biographjie illustrée et commentée par l'actrice. Le 6 novembre 2013.