Le grand "mélancomique" est mort. Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary nous a quittés le 4 mars, des suites d'un cancer. Infatigable et boulimique, il voulait du théâtre populaire inspiré des classiques et il mettait la fête à l'honneur sur les planches. Sa disparition laisse en émoi le monde du spectacle qui a rapidement réagi, cumulant les hommages.
Pour les fêtes de fin d'année 2012 et dans le cadre du "théâtre en direct", France 2 avait confié à Jérôme Savary les commandes d'une création originale de Tartarin de Tarascon avec au casting Michel Galabru. Ce dernier a déclaré avec émotion sur Europe 1 : "Il était un magicien du spectacle. Quand on rentrait dans une salle d'un spectacle Savary, on savait que c'était du Savary. Ça se voyait. Il avait une imagination débordante, très cocasse. Il avait des idées, c'était quelqu'un d'unique", a estimé Michel Galabru, qui a également parlé d'un homme qui "avait le don d'une baguette magique pour transformer le spectacle en féérie. Il n'y en aura plus des comme lui".
Grande figure du spectacle et de la mise en scène comme Jérôme Savary, Robert Hossein a également fait part de son chagrin, décrivant l'artiste comme un homme "lumineux" et un "très grand metteur en scène" : "C'était un homme de passion, de folies, qui a fait des choses tout à fait remarquables. [...] C'était un metteur en scène extrêmement original, avec plein d'inventions, d'imagination, un univers singulier qu'il faisait partager." Jérôme Savary "était un très très grand metteur en scène. Je suis extrêmement triste", a ajouté le comédien à l'AFP, metteur en scène et réalisateur.
Le réalisateur iconoclaste Jean-Pierre Mocky a choisi BFM TV pour parler de Jérôme Savary : "C'était un garçon qui aimait le peuple, le spectacle populaire et qui a fait beaucoup de choses à l'Opéra Garnier dont il avait pris la direction. Il a fait des spectacles novateurs qui étaient tout à fait en dehors de la norme. C'était une espèce de troubadour complètement fou qui innovait, sur des vieilles pièces, il transformait tout, c'était un créateur. Ce qui m'étonne, je l'ai vu il n'y a pas longtemps, c'est qu'il n'avait pas l'air malade du tout."
Francis Huster participe au bal des hommages, lui qui a lui joué le rôle de Cyrano en 1997 sous la direction de Savary : "Je crois que c'était le comédien gentilhomme de notre génération. Il ressemblait beaucoup au Jourdain de Molière", a-t-il déclaré sur LCI, comparant le metteur en scène au personnage qu'il avait incarné sur scène. "C'est une lumière qui s'éteint mais Dieu merci il a rejoint Barrault et Vilard là-haut", a poursuivi le comédien, saluant la disparition d'un "homme de théâtre, de coeur, de passion de parole, de talent, d'avenir". "Il était tellement généreux avec Molière, Rostand, il aimait la musique comme un fou, tout ce qui était populaire comme Trenet et Piaf. Il aimait la femme, les femmes, l'amour. Il donnait de l'amour autour de lui. C'est vraiment quelqu'un qui a tendu la main vers les autres toute sa vie," a-t-il encore dit.Jacques Weber, qui a lui aussi incarné Cyrano dans une pièce mise en scène de Jérôme Savary a rapporté sur RTL une phrase du grand homme : "Je ne connais la pièce qu'une fois que je l'ai montée." Et de rendre hommage à "un homme de spectacle, un poète", à qui, il le confesse, il doit "une partie de [sa] vie, de [sa] carrière".
Jérôme Deschamps, qui a pris la suite de Jérôme Savary à la tête de l'Opéra-Comique, a salué "l'immense générosité" et le "personnage truculent". Il a insisté sur la "joie de vivre" du metteur en scène, mais toujours teintée d'une "petite musique, une mélancolie qui traversait ses spectacles". Sur Twitter, le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, a regretté la "mort d'un prince du spectacle" : "Il faudra qu'un admirateur s'attelle vite à un Dictionnaire amoureux de Jérôme Savary". Sur les ondes de RTL, pour Arielle Dombasle, qui a été dirigée par Jérôme Savary dans La Belle et la toute petite bête, il était "une sorte de merveilleux monsieur Loyal et de clown triste aussi".