Emmanuel Macron a jugé mercredi 28 juin 2023 "inexplicable" et "inexcusable" la mort d'un adolescent, victime d'un tir policier à bout portant la veille à Nanterre, apportant aussi son soutien aux forces de l'ordre qui "s'engagent pour nous protéger". "Rien, rien ne justifie la mort d'un jeune", a affirmé le chef de l'État au troisième jour de sa visite à Marseille, évoquant "l'émotion de la nation toute entière" et assurant "respect et affection" à la famille de Nahel (orthographié par erreur Naël dans un premier temps), 17 ans. "Nous avons un adolescent qui a été tué, c'est inexplicable, inexcusable et d'abord ce sont des mots d'affection, de peine partagée et de soutien à sa famille et à ses proches", a déclaré Emmanuel Macron à la presse, rapporte l'AFP.
Le Président de la République a également rappelé que les forces de l'ordre étaient composées de "femmes et d'hommes qui viennent aussi de tous les quartiers de la République et s'engagent pour nous protéger et servir la République". "Je les remercie chaque jour de cela", a-t-il complété, rappelant que leurs fonctions s'exerçaient "dans un cadre déontologique qui est défini, qui doit être respecté". "La justice a été immédiatement saisie : je souhaite qu'elle fasse son travail avec évidemment célérité et dans le calme que ce travail requiert, et que la vérité puisse être faite dans les meilleurs délais", a ajouté le président, alors que le drame a entraîné des violences urbaines dans les Hauts-de-Seine dans la nuit de mardi à mercredi. "Il faut du calme partout parce que nous n'avons pas besoin d'avoir en effet un embrasement, une situation qui viendrait se dégrader, a-t-il expliqué. Évidemment, les esprits peuvent s'échauffer", a-t-il reconnu, "Mais je souhaite qu'il n'y ait aucune manipulation."
La Première ministre Elisabeth Borne a estimé de son côté dans un tweet qu'il y avait une "exigence absolue de vérité" dans ce drame, quand Gérald Darmanin a appelé "au calme et à la vérité de l'enquête judiciaire".
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a fait part de son choc face aux images, a annoncé une réunion de sécurité à Beauvau en début d'après-midi, où doit être validée la mobilisation de 2 000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne.
La nuit dernière, 1 200 policiers et gendarmes ont été mobilisés, dont 350 dans les Hauts-de-Seine. A Nanterre, où les heurts ont été les plus violents, "plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d'importantes et inacceptables dégradations parfois irrémédiables", a déploré la mairie, appelant à arrêter "cette spirale destructrice". Les affrontements, qui ont commencé dès la fin d'après-midi, se sont terminés vers 3h30 du matin, et se sont étendus à plusieurs autres communes des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. A Mantes-la-Jolie (Yvelines), la mairie de quartier du Val-Fourré a été incendiée.
Cette affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers. Elle a ému jusqu'au footballeur vedette du PSG et capitaine des Bleus, Kylian Mbappé. "J'ai mal à ma France. Une situation inacceptable", a notamment écrit le joueur sur son compte Twitter. "Qu'une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant", a aussi tweeté l'acteur Omar Sy. Sur les réseaux sociaux, continue de se répandre réaction d'anonymes et de personnalités publiques, non sans controverse.
La mère de la victime, Mounia, s'est exprimée sur les réseaux sociaux pour faire part de son désarroi et de sa colère. Elle a appelé à faire une marche blanche jeudi 29 juin à la mémoire de son fils unique.
Dans un premier temps, des sources policières ont affirmé qu'un véhicule avait foncé sur deux motards de police. Mais une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, authentifiée par l'AFP, a montré qu'un des deux policiers tenait le conducteur en joue, puis qu'il a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. "Des images extrêmement choquantes", a commenté Gérald Darmanin. Dans la vidéo, on entend "Tu vas te prendre une balle dans la tête", sans que l'on puisse attribuer cette phrase à quelqu'un en particulier.
Nahel M. est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax. Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, a été placé en garde à vue pour homicide volontaire, dans le cadre de l'enquête confiée à l'Inspection générale de la police nationale.