C'est une époque qui s'éteint, encore un peu plus, avec sa disparition. Romain Bouteille est mort le lundi 31 mai 2021 à l'âge de 84 ans, laissant derrière lui sa femme Saïda Churchill, leur fils Shams - né en 1997 - et de nombreux confrères endeuillés. Emporté par une insuffisance cardiaque, l'homme de théâtre a eu droit à de vibrants hommages de la part de la profession, dont celui de Pierre Richard. "Romain Bouteille était une sorte de génie du non-sens, s'est souvenu l'acteur sur Twitter. Il avait aussi celui de se foutre de la célébrité. Je l'admirais beaucoup. Et je suis très triste."
Grand complice de Coluche, Romain Bouteille avait fondé, en sa compagnie, le Café de la Gare en juin 1969. Il s'était installé dans une ancienne fabrique de ventilateurs située passage d'Odessa, près de la gare Montparnasse, mais avait été obligé de déménager rue du Temple, dans le quartier du Marais, face au succès. Sur ses planches, les talents les plus bruts ont défilé. Gérard Lanvin, Gérard Depardieu, Renaud, Anémone, Josiane Balasko et Michel Blanc ont, entre autres, fait les beaux jours de ce haut-lieu de culture alternative.
Nous sommes dévastés d'apprendre le décès de Romain Bouteille
Il s'était éloigné du Café de la Gare en 1990 pour s'installer, en famille, dans l'Essonne. Son portrait trône pourtant sur la page d'accueil du site de la salle, ce "premier et dernier théâtre en anarchie réelle", en guise de clin d'oeil. "Nous sommes dévastés d'apprendre le décès de Romain Bouteille, fondateur du Café de la Gare, écrivent les équipes qui lui ont succédé. Les mots nous manquent pour l'instant, ils viendront sans doute plus tard, pour l'instant, nos pensées vont à sa femme Saïda et son fils Shams."
Un être humain impeccable
C'est son épouse, Saïda Churchill, qui a annoncé son décès sur les réseaux sociaux, assurant qu'il était "parti calmement". Romain Bouteille avait écrit près de trente pièces de théâtre et joué dans une trentaine de longs métrages, sous la direction de Louis Malle, Jean Girault, Michel Audiard, Jules Dassin ou Jacques Demy. Pierre Lescure, l'homme cinéma, se souvient de lui comme d'un "créatif révolutionnaire" et un "être humain impeccable". De quoi redonner le sourire, au moins l'ombre d'un instant, au proche du regretté disparu...