Moins d'un mois après son agression survenue sur un marché parisien, alors qu'elle faisait campagne pour le second tour des législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet a retrouvé son agresseur présumé, Vincent Debraize, maire sans-étiquette de Champignolles dans l'Eure, lors d'un procès qui se tenait ce 11 juillet au tribunal correctionnel de Paris.
Eric Zemmour a raison, vous êtes une bobo de droite
Ce face-à-face très attendu était couvert par de nombreux journalistes sur place, curieux d'en savoir plus sur ce qui s'est réellement passé le 15 juin, sur le marché de la place Maubert dans le 5e arrondissement, entre NKM et Vincent Debraize. La première accuse le second, jugé pour violence sur personne chargée d'une mission de service public, de l'avoir agressée et de lui avoir jeté ses tracts à la figure, lui faisant perdre l'équilibre - elle a brièvement perdu connaissance et a été admise à l'hôpital Cochin, où on lui a prescrit deux jours d'interruption totale de travail (ITT). Lui dément et l'accuse d'avoir simulé sa chute...
A la barre, le prévenu a raconté sa version des faits. Il affirme qu'il faisait un tour dans le quartier et avait repéré la candidate et ses militants, lui-même étant un soutien de Henri Guaino, candidat malheureux dans la même circonscription que NKM. "Je reprends ma marche en disant : 'Eric Zemmour a raison, vous êtes une bobo de droite.' A ce moment, Nathalie Kosciusko-Morizet s'avance vers moi, très proche. Les tracts qu'elle a dans la main droite camouflent son visage. Je l'entends dire, à voix beaucoup plus basse : 'Dégage, connard.' Je me recule, j'avoue que j'étais totalement surpris et interloqué", a-t-il raconté selon Europe 1. Il ajoute : "Elle s'est mise à reculer, moi j'ai pris les tracts, et à mesure qu'elle reculait je les ai jetés au sol à mes pieds. Elle a continué à reculer, elle était déjà loin, et c'est là que je l'ai vue tomber."
Vincent Debraize dit avoir pris la fuite dans le métro parce que les militants de Nathalie Kosciusko-Morizet se seraient alors emballés et déchaînés contre lui. Il relate qu'un militant aurait ainsi crié "Heil Hitler, Heil Hitler" et qu'un autre l'aurait attrapé, frappé, aurait cassé ses lunettes et déchiré sa chemise.
Je suis tombée en arrière et après je ne me souviens pas
De son côté, NKM aussi a eu l'opportunité de faire entendre sa version de l'histoire. "On distribuait des tracts depuis neuf heures et demie, ça se passait bien ce matin-là (...) Comme c'était très agressif, une personne qui m'accompagnait s'est proposée de l'éloigner et je l'ai retenue parce qu'il avait dit être maire en Normandie et ce n'est pas dans ma culture. Pour moi, un élu ça se respecte, un maire en particulier (...) Il m'a arraché les tracts de la main, il m'a giflée avec les tracts. Quasiment en même temps il m'a donné un coup, je suis tombée en arrière et après je ne me souviens pas", a-t-elle souligné. Elle a aussi démenti catégoriquement les accusations de saluts nazis. "En plus du reste, je trouve insultant et ridicule d'affirmer que mon équipe faisait des saluts nazis. C'est ajouter du ridicule à la violence", a-t-elle dit.
Le procureur a estimé que le prévenu n'a sans doute pas voulu blesser NKM et a été "totalement dépassé par ce qui se passait". Toutefois, il a souligné que "ces faits sont graves parce que monsieur Debraize s'est attaqué à un élu. La seule sanction possible contre un élu, c'est de ne pas voter pour lui, pas de l'agresser." Il a réclamé quatre mois de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende. NKM, battue au second tour de l'élection par son rival de La République en marche, Gilles Le Gendre, réclamait un dédommagement de 5 000 euros. Quant à l'avocat du prévenu, il a réclamé la relaxe.
A l'issue de l'audience, l'affaire a été mise en délibéré au 7 septembre 2017.
Thomas Montet