Un grand portrait de Frédéric Leclerc-Imhoff trônait sur la place de la République vendredi 10 juin, lors du rassemblement organisé en l'honneur du journaliste de 32 ans tué dans l'est de l'Ukraine le 1er juin dernier, alors qu'il se trouvait à bord d'un bus humanitaire avec des civils fuyant les bombardements russes. Frédéric Leclerc-Imhoff travaillait depuis plusieurs années pour BFMTV et couvrait le conflit opposant l'Ukraine à la Russie depuis le début.
Deux jours après que le corps du jeune reporter français a été rapatrié en France, ses proches ont tenu à lui rendre hommage hier. Sa famille, ses amis, ses collègues (dont le reporter Maxime Brandstaetter qui faisait équipe avec lui en Ukraine)... nombreux étaient ceux à avoir fait le déplacement.
A la tête de BFMTV depuis 2019, dont il est le directeur général, Marc-Olivier Fogiel a participé au grand rassemblement organisé à l'appel de Reporters sans frontières (RSF) notamment,. Marqué par l'émotion dans ce moment si difficile, le journaliste de 52 ans s'est exprimé pour honorer le travail et la mémoire de Frederic Leclerc-Imhoff. "Juste ces quelques mots pour vous dire que la rédaction de BFMTV est en deuil. On pleure un journaliste passionné, engagé, a-t-il débuté. Marc-Olivier Fogiel a ensuite rappelé les circonstances dans lesquelles Frédéric Leclerc-Imhoff a perdu la vie : "Il suivait une mission humanitaire dans un camion blindé en étant, pensait-il en sécurité avec son gilet pare-balles, son casque." Malgré le choc de la disparition de Frédéric, Marc-Olivier Fogiel a ensuite rappelé la nécessité de continuer à couvrir le conflit en Ukraine, indiquant qu'une autre équipe venait tout juste de partir pour Kiev.
Au début du mois de juin, Marc-Olivier Fogiel avait déjà rendu hommage à Frédéric Leclerc-Imhoff sur l'antenne de BFMTV mais aussi sur Instagram. "Il était très engagé et je suis fier de ses choix " Je me réfugie derrière les mots de la maman de Frédéric. Si ce soir domine l'infinie tristesse, soyons tous fiers de lui. Je pense à sa famille, à ses amis, à Maxime et Oksana et aux journalistes de @BFMTV", avait-il écrit en légende d'un portrait du défunt journaliste. Une semaine plus tard, il lui rendait à nouveau hommage. "Cela fait une semaine aujourd'hui que notre collègue et ami Frédéric Leclerc-Imhoff a été tué en Ukraine, dans un bombardement. Il est mort derrière sa caméra, pour nous informer. Nous pensons très fort à lui, à ses proches, ainsi qu'à son équipe. #FrédéricLeclercImhoff", écrivait-il en légende d'une autre photo.
Lors du rassemblement hier à Paris, Sylviane Imhoff, la mère de Frédéric, s'est également exprimée. "Voila, M. Poutine, la belle personne que vous avez tuée", a-t-elle déclaré. Frédéric était une "personne douce et joyeuse, alors ne soyez pas tristes", a déclaré Sylviane Imhoff, devant plusieurs centaines de personnes participant à ce rassemblement à l'appel de RSF, au cours duquel elle a rappelé le parcours de son fils. "Donner la parole aux plus humbles, aux invisibles" faisait partie "des valeurs dont il était pétri", a-t-elle souligné, émue, évoquant de précédents reportages auprès de femmes de chambre de grands hôtels notamment.
Sam Cottet, le compagnon du journaliste a lui rappelé combien son métier était une "vocation pour lui, malgré son statut précaire". "On partageait un "militantisme profond et radical souvent joyeux, parfois difficile, même insoutenable", a-t-il souligné, décrivant une relation de presque un an avec un "réel partenaire de vie plein de patience et d'entrain".
Âgé de 32 ans, ce grand brun aux traits doux, décrit par ses proches comme "queer, vegan, antispéciste, anticapitaliste", travaillait pour BFMTV depuis six ans et effectuait là sa deuxième mission en Ukraine, comme journaliste reporter d'images (JRI).
Diplômé en 2014, il avait été formé à l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (Ijba), après des études de philosophie à Paris. Vendredi, plusieurs de ses camarades de l'Ijba ont déclaré qu'il était "mort en faisant une des choses qui donnait du sens à son existence".
"Il était le 8e journaliste à trouver la mot dans ce conflit", a affirmé Christophe Deloire de RSF, saluant un professionnel "brillant engagé, passionné et bienveillant".
Après l'annonce de sa mort, le parquet national antiterroriste (Pnat) français avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre. La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait tweeté que le journaliste avait été "tué par un bombardement russe".