Paul Gascoigne, légende du foot britannique dont le destin alcoolisé passionne le Royaume-Uni, s'est expliqué sur les origines de cette addiction qui l'a conduit à la déchéance. Les écoutes téléphoniques des tabloïds, à l'origine d'un immense scandale outre-Manche, seraient la cause de son alcoolisme. Il s'en est expliqué lors d'un procès très médiatisé au Royaume-Uni.
"Ils ont ruiné ma vie"
"J'aimerais échanger mon téléphone portable contre un cercueil parce que ces mecs-là ont ruiné ma vie", a confié l'ancien footballeur aux 57 sélections sous la tunique des Three Lions, idole de tout un peuple. C'est devant la Haute Cour de Londres que l'homme de 47 ans s'est confié, témoignant contre le Mirror Groupe Newspapers, éditeur notamment du Daily Mirror et du Sunday Mirror, dont les journalistes avaient placé sur écoute huit personnalités dans les années 2000.
Parmi elles, donc, Paul Gascoigne, délicieux technicien au caractère so british, miné depuis des années par des problèmes d'alcool et d'addictions en tout genre. "Je savais que j'étais mis sur écoute par le Mirror et ça a duré des années. Je changeais de portable cinq à six fois par mois. Je n'osais plus parler à personne, ni à mes parents ni à mes enfants, c'était horrible. Et les gens ne comprennent pas que je sois devenu alcoolique", raconte-t-il, sanglotant à la barre alors que la Haute Cour doit décider des indemnités à verser aux victimes des écoutes, qui pourraient s'élever à plusieurs millions d'euros.
Paranoïaque
"Personne ne voulait me croire, que ce soit ma famille ou Johnny McKeown [son thérapeute, NDLR]. Je lui parlais au téléphone et j'entendais très nettement le clic. Mais lui me disait que j'étais paranoïaque", poursuit Gazza, qui cible 18 articles révélant des informations personnelles. À l'époque, il avait accusé des membres de sa famille d'être à l'origine des révélations, comme sa belle-fille Bianca. Durant deux ans, il n'a vu aucun membre de sa famille et refusait de passer les fêtes de Noël avec eux. Début 2006, il déboursait plus de 100 000 euros en équipement anti-espionnage pour débusquer les micros...
"J'étais obsédé par l'idée d'être surveillé 24 heures sur 24 pendant des années. Aucun esprit sain ne résisterait à une telle pression. J'ai souffert de maladie mentale, de paranoïa, d'anxiété et d'idées suicidaires. Je suis bipolaire avec une tendance à l'addiction", avance-t-il devant la Haute Cour.
Devant la juridiction britannique, Paul Gascoigne s'est présenté avec une bouille ronde, les yeux rieurs et des formes qu'il n'avait plus affichés depuis des années. L'an passé, on avait craint le pire pour l'ex-joueur, retrouvé errant, maladivement maigre et fortement alcoolisé dans les rues d'une ville de bord de mer. Depuis, grâce à un régime strict et à une présence féminine à ses côtés, Gazza semble avoir retrouvé une motivation que l'on ne lui avait plus connue depuis longtemps. Ce procès pourrait être selon la presse anglaise une énième thérapie dont beaucoup espèrent qu'elle sera la dernière.