A la rentrée 2009, c'est un Phil Collins sombre et catégorique qui se morfondait : victime de séquelles nerveuses, il était certain de ne plus pouvoir jouer de la batterie, son instrument de prédilection et le poste qu'il assura avec tant de talent au sein de Genesis, intronisé l'an dernier au Rock and Roll Hall of Fame.
Quelques mois plus tard, il s'épanchait dans une interview accordée au magazine de référence Rolling Stone, racontant sans ambages combien sa condition était problématique, tant pour sa vie artistique que pour sa vie personnelle : "Mes vertèbres ont écrasé ma moëlle épinière à cause de ma position quand je joue. Cela vient d'années de pratique de la batterie. Je ne peux même plus tenir mes baguettes correctement sans souffrir (...) La première fois que j'ai pris les baguettes après mon opération des cervicales, elles ont filé à travers la pièce parce que je ne pouvais pas les saisir. Pour jouer, je dois scotcher les baguettes à mes mains. C'est comme porter une capote. C'est très étrange. Ça pollue vraiment votre style."
Malgré tout, à force de volonté et de... scotch pour se fixer les baguettes dans les mains, Phil Collins réalisait l'enregistrement de Going Back, un véritable jubilé et une jubilation, dans lequel il revisite (c'est la première fois qu'il reprend l'oeuvre d'autres) de nombreux standards de la Motown, son olympe musical, qu'on découvrait en septembre 2010 avec son single Heatwave. Désormais, il a arrêté de jouer : "De toute façon, j'allais arrêter. Ça ne me manque pas."
"Je ne me serais pas tiré une balle dans la tête. J'aurais choisi l'overdose."
Et malgré ces ondes positives, l'artiste anglais, qui fêtera en janvier prochain son 60e anniversaire, n'a pas encore expurgé toute la noirceur accumulée au fil des années. Ainsi vient-il de confier à Rolling Stone, à nouveau, comment il a envisagé de se suicider alors que son troisième mariage capotait et que sa carrière était menacée par son état de santé... Une période difficile, et des pensées lugubres heureusement vaincues par l'existence de ses enfants. Phil Collins, de ses trois mariages, a eu cinq enfants et un enfant adopté. De sa première union (1975-1980) avec la Canadienne Andrea Bertorelli, rencontrée en cours d'art dramatique à Londres, il eut un fils, Simon, qui évolue à son tour dans la musique. Il adopta également la fille d'Andrea, Joely, comédienne. Avec Jill Taverman, qu'il fréquenta dès 1980 et à qui il fut marié de 1984 à 1996, il eut une fille, Lily : âgée de 21 ans, la demoiselle réputée pour son style et connue pour ses apparitions au petit écran ou en tant que mannequin s'apprête à faire ses débuts au cinéma dans le thriller Abduction.
Quant à son troisième mariage, celui dont la dissolution, en janvier 2007 (ils étaient séparés depuis mars 2006), le précipita dans la dépression, Phil Collins le vécut avec Orianne Cevey - qui a bien rebondi depuis -, qui lui donna deux fils : Nicholas et Matthew.
En 2008, Phil affirmait continuer à croire en l'institution du mariage, déclarant à People qu'il n'avait "pas abandonné".
Concernant ses pensées suicidaires, Phil a été particulièrement concret dans sa confession : "Je ne me serais pas brûlé la cervelle. J'aurais plutôt eu recours à une overdose ou quelque chose de non douloureux. Mais je ne ferais pas cela à mes enfants."
Ce passionné, collectionneur, de la bataille de Fort Alamo (1836) évoque par ailleurs la lettre laissée par Tony Hancock avant son suicide : "Trop de choses sont trop souvent allées mal". Et d'imaginer comment il pourrait "assassiner" son personnage médiatique : "Je me dis parfois que je vais rayer le personnage de Phil Collins de l'histoire. Phil Collins va tout simplement disparaître ou être tué dans quelque chambre d'hôtel. Les gens diront : "Qu'est-il arrivé à Phil ?" Réponse : "Il a été assassiné, mais, bon, peu importe, continuons"."