Pistorius, larmes au procès : Le poignant témoignage de la cousine de Reeva
Publié le 17 octobre 2014 à 13:58
Par Benoit Z.
Reeva Steenkamp à Johannesburg Reeva Steenkamp à Johannesburg© Abaca
Oscar Pistorius à la North Gauteng High Court de Pretoria le 13 octobre 2014, lors des auditions précédant le verdict de son procès pour la mort de Reeva Steenkamp
Barry et June Steenkamp, les parents de Reeva, au ribunal de Pretoria, le 11 septembre 2014 durant le procès d'Oscar Pistorius accusé du meurtre de leur fille
Oscar Pistorius et Reeva Steenkamp lors de la soirée des Feather Awards le 4 novembre 2012 à Johannesburg
Oscar Pistorius lors de son arrivée au tribunal de Pretoria, le 25 mars 2014 où il doit répondre du meurtre de Reeva Steenkamp
Le procureur Gerrie Nel à la North Gauteng High Court de Pretoria le 13 octobre 2014, lors des auditions précédant le verdict du procès d'Oscar Pistorius pour la mort de Reeva Steenkamp
Reeva Steenkamp, lors d'un shooting photo
Oscar Pistorius à la North Gauteng High Court de Pretoria le 13 octobre 2014, lors des auditions précédant le verdict de son procès pour la mort de Reeva Steenkamp
June Steenkamp à la North Gauteng High Court de Pretoria le 13 octobre 2014, lors des auditions précédant le verdict de son procès pour la mort de Reeva Steenkamp
Oscar Pistorius et son avocat Brian Webber à la North Gauteng High Court de Pretoria le 13 octobre 2014, lors des auditions précédant le verdict de son procès pour la mort de Reeva Steenkamp
La juge Masipa lors du procès Oscar Pistorius le 11 septembre 2014. 
Oscar Pistorius au tribunal de Pretoria le 18 mars 2014
Oscar Pistorius le 17 mars 2014 à Pretoria
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Oscar Pistorius est tout près de savoir. Savoir quelle peine va lui infliger la juge Thokozile Masipa pour la mort de Reeva Steenkamp, lui qui été reconnu coupable d'homicide par négligence. Depuis le 13 octobre, la défense et l'accusation s'affrontent pour tenter d'obtenir une peine juste, entre liberté surveillée et prison ferme. Après les témoins de la défense, c'est le procureur qui a fait venir les siens, et notamment la cousine de Reeva Steenkamp, dont les paroles ont fait pleurer toute la salle...

Larmes et témoignage poignant

Kim Martin était la cousine de Reeva Steenkamp. Elles étaient comme des soeurs, et son témoignage a été l'un des moments les plus émouvants de ces sept mois de procès. "Reeva était le premier bébé que j'ai tenu dans mes bras", a-t-elle déclaré en préambule, provoquant les larmes de Barry Steenkamp, le père de la jeune femme décédée. La voix tremblante, Kim a raconté l'enfance heureuse de sa cousine. "Elle avait une personnalité très maternelle depuis son plus jeune âge, elle prenait soin de tout le monde, même des adultes", a-t-elle poursuivi avant d'évoquer Jade, le petit caniche paralysé dont Reeva s'occupait enfant : "Elle le portait et l'emmenait partout, elle était devenue les jambes de Jade."

Pour la première fois, la personnalité et la vie de Reeva Steenkamp sont évoquées de manière approfondie. Kim Martin décrit les parents de Reeva, Barry et June, comme des travailleurs acharnés ne roulant pas sur l'or, lui s'occupant de chevaux, elle cumulant les petits boulots. Elle raconte comment sa cousine rêvait de travailler dans la mode, et comment son rêve de devenir mannequin avait failli s'envoler après une chute à cheval. Elle parle du premier travail de sa cousine à Fashion Tv lorsqu'elle est partie à Johannesburg, de l'aide financière qu'elle a tout de suite apportée à ses parents, rappelant à quel point la famille était importante pour Reeva, qui rentrait dès qu'elle le pouvait à Port Elizabeth pour y retrouver les siens.

La nuit tragique

Puis elle évoque cette nuit tragique du 13 au 14 février 2013, lorsque Reeva a perdu la vie. Elle raconte avoir appris la nouvelle "à la radio dans les embouteillages" : "Quand j'ai entendu 'Breaking news, Oscar Pistorius a tiré sur sa petite amie', je me suis dit pourvu qu'il trompe Reeva." En pleurs, Kim Martin ne peut plus poursuivre son témoignage, obligeant la juge à suspendre la séance. C'est sa mère qui lui confirmera la triste nouvelle... "Pour moi, c'était la fin du monde", lâche-t-elle, alors qu'Oscar Pistorius est en larmes sur son banc. "June était hystérique, Barry pleurait, pleurait", poursuit-elle dans un récit poignant et émouvant, qui permet à Reeva Steenkamp d'être évoquée pour autre chose que son statut de victime. "Pourquoi témoigner ?", lui demande alors le procureur Gerrie Nel. "Ses parents m'ont demandé d'être la voix de Reeva", répond-elle, reconnaissant être sous thérapie depuis le drame. Kim Martin poursuit en racontant le combat de sa cousine contre les violences faites aux femmes, évoque sa première rencontre avec Oscar Pistorius "plutôt timide au début" puis qui est devenu "agité par rapport au service assez lent du resto", avant de lâcher : "Il n'y avait pas beaucoup de gestes d'affection entre eux."

"Pistorius doit payer"

Kim Martin a expliqué qu'elle n'avait pas trouvé "sincères" les excuses de Pistorius et que son nom n'était jamais prononcé au sein de la famille. "Je pense qu'il faut envoyer comme message à la société qu'on n'a pas le droit de faire ça et s'en tirer comme ça, a-t-elle dit les larmes aux yeux. Je pense vraiment que M. Pistorius doit payer pour ce qu'il a fait." Et Kim Martin de poursuivre : "Ma famille n'est pas de celles qui réclament vengeance. On pense simplement que prendre la vie de quelqu'un, tirer derrière une porte sur quelqu'un qui n'est pas armé, inoffensif, mérite une sanction suffisante. J'étais très inquiète tant que j'ai cru que les conditions en prison seraient mauvaises pour lui. Mais j'ai découvert que son processus de réhabilitation en prison serait humain et protégeait sa dignité d'être humain."

Gerrie Nel a frappé un grand coup avec ce témoignage qui a ému la salle aux larmes. Pour la première fois depuis l'ouverture du procès en mars dernier, Reeva Steenkamp a été évoquée pour ce qu'elle était, et non uniquement en tant que victime d'un crime.

La prison adaptée

La suite, plus pragmatique, a consisté à déterminer si oui ou non Oscar Pistorius pouvait effectuer une peine de prison malgré son handicap. Pour ce faire, Gerrie Nel a appelé à la barre Zacharia Modise, commissaire national des Services correctionnels, trente-cinq ans d'expérience dans le milieu pénitentiaire. Celui-ci, sans nier les problèmes dans les prisons, comme les avait pointés du doigt un témoin de la défense avant de se faire ridiculiser par le procureur, a expliqué que des établissements étaient tout à fait aptes à accueillir Oscar Pistorius dans une cellule individuelle, "avec toilettes, un lit avec un matelas, une couverture, des draps et un oreiller, un placard individuel" et même baignoire pour les prisonniers comme lui. En gros, l'homme a dépeint des prisons loin de l'enfer évoqué par le témoin de la défense, et s'est même engagé à ce que l'accusé soit incarcéré dans une unité hospitalière en cas de peine de prison : "Je peux confirmer en toute confiance que si le tribunal, à n'importe quel moment, décide qu'il doit aller en prison, il y a des établissements où nous pouvons incarcérer et accueillir l'accusé." Et de conclure en s'engageant : "On connaît le handicap de Pistorius, l'examen médical l'enverra à la section hospitalière."

Ne reste plus que les plaidoiries des deux parties, et l'énoncé de la peine, qui devrait arriver le 21 octobre...

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