Voilà comment on occupe le terrain. En octobre, le prince William, la duchesse Catherine de Cambridge et le prince Harry, qui formaient en 2012 une brillante équipe d'ambassadeurs pour les Jeux olympiques et paralympiques, ont joué en solo, et sur tous les tableaux. Alors que la reine Elizabeth II donnait en début de mois le coup d'envoi du relais annonçant les Jeux du Commonwealth à l'été 2014, chacun des trois nouveaux piliers de la monarchie britannique a payé de sa personne et démontré que la nouvelle génération royale sera sport ou ne sera pas.
Si le futur roi d'Angleterre s'est adonné avec plaisir au football sur la grasse pelouse du domaine de Buckingham Palace pour célébrer les 150 ans de la Fédération anglaise, et si Kate Middleton, volleyeuse en talons hauts, a exhibé son ventre plat en multipliant les smashes au parc olympique Reine Elizabeth (dans la même tenue qu'elle portait l'an dernier au même endroit), le prince Harry s'est livré sans réserve et a bien transpiré lors d'un entraînement de rugby avec des écoliers venus de tout le pays. Et c'est à Twickenham, l'antre par excellence de l'ovalie anglaise - où le fils du prince Charles est venu plus d'une fois vibrer avec le XV de la Rose - et le siège de la Fédération de rugby, que la rencontre a eu lieu, jeudi 17 octobre 2013.
Pour les jeunes gens, ravis de cet entraînement royal, l'éternelle question de savoir si on peut ou non risquer de faire du mal à une tête couronnée ne s'est même pas posée : Harry, titulaire d'un brevet d'entraîneur de rugby, a tellement bien joué le jeu qu'il n'y avait qu'une chose à envisager - le plaquer. Parrain d'un programme scolaire ("All Schools") de la Rugby Football Union - la Fédération anglaise de rugby, dont la reine Elizabeth II est la marraine - visant à attirer un maximum de jeunes vers cette discipline, le prince Harry, qui milite activement pour des olympiades scolaires dans le royaume, ne s'est pas débiné et n'a pas refusé le contact, auquel il a souvent répondu par le sourire. Un an et demi après avoir fait une démonstration de rugby les pieds dans le sable à Rio de Janeiro, c'est cette fois dans les règles de l'art, sur l'herbe verte et en survêtement, que le petit-fils de la reine a brillé en tentant d'éviter de se faire toucher lors des ateliers. Passes, protection de balle ou plaquage, rien n'a de secret pour lui. Athlète aguerri, celui qu'on connaît dans la RAF comme le Captain Wales a pris part avec une cinquantaine d'écoliers et d'écolières à un entraînement dirigé par l'ancien champion du monde et capitaine de la sélection anglaise Jason Robinson, rien que cela ! "On cherche un ailier, on va voir ce que tu vaux", a d'ailleurs plaisanté le rugbyman retraité de 39 ans, admiratif de la condition physique et de l'engagement du prince. "Je pense que c'est un peu trop tard pour moi", a répondu le prince de 29 ans, qui s'est vu offrir par l'ancien international une paire de chaussures similaires à celles qu'il utilisait durant sa carrière : "Je ne peux pas garantir qu'elle vous mèneront en équipe d'Angleterre, mais vous allez courir vite avec", a-t-il assuré à Harry. Lequel, au moment de chausser les crampons, a ôté sa montre et l'a mise dans une chaussure en demandant, avec un humour soupçonneux : "Personne ne va me la tirer, hein ? Gardez un oeil sur celui-là", ajouta-t-il en désignant Robinson.
Plus tard le même jour, le prince Harry changeait d'équipement, endossant une blouse blanche floquée HRH (His Royal Highness, son altesse royale) dans le dos, et de partenaire, rencontrant la légende du football Sir Bobby Charlton, pour inaugurer un centre d'études sur les blessures par explosion de la Légion royale britannique au Collège impérial de Londres.