Raymond Domenech : Toujours aussi mystérieux, prêt à s'engager en politique

Raymond Domenech est un homme de médias. De ceux qui jouent avec la presse et assument leurs déclarations qui peuvent parfois prêter à polémique.

Et au micro de Christophe Hondelatte sur RTL ce lundi 3 janvier 2012, Raymond Domenech a rejoué une partition dont il a le secret, entre réponses philosophiques et déclarations au sens caché.

L'affaire Knysna

Alors qu'on aurait pu penser que l'ancien sélectionneur des Bleus s'expliquerait sur l'épisode Knysna, Raymond Domenech botte en touche de manière surprenante : "Pour le moment, rien. Ce n'est pas encore d'actualité. L'équipe de France a une échéance, à l'Euro. Il faut laisser le temps à Laurent Blanc de préparer son équipe, de se construire. Ce n'est pas à moi de faire les bilans. L'équipe de France n'a pas de temps. Elle est intemporelle. Tous ceux qui l'ont aimée doivent l'accompagner. Je suis dans ce registre-là." Mais Christophe Hondelatte, qui a lâché le micro de la chanson pour celui de la radio, insiste, et RayDo reconnaît alors qu'il n'est pas totalement prêt à donner sa version de ce triste épisode, dont il assume en partie la responsabilité, au même titre que celle d'avoir porté la France en finale de la Coupe du monde en 2006. "Peut-être qu'un jour, j'en parlerai. Ce sera une histoire. Mais je n'ai pas envie maintenant, ce n'est pas mon registre. Il y a eu quelque chose. Les joueurs peuvent en parler. Chacun l'a vécu à sa manière. J'ai eu ma vision mais je ne veux pas rentrer dans ces débats-là."

Quant à expliquer son silence depuis plus d'un an et demi, là encore Raymond Domenech donne une réponse sibylline : "C'est le moment de rentrer dans la vie, ce que je fais depuis quelque temps. Le métier de sélectionneur est quelque chose de particulier. J'ai vécu six ans extraordinaires, à la fois merveilleux et frustrants. Je me suis réinstallé dans la vie, je m'occupe des gamins le mercredi. J'ai des projets. Ce métier-là fait que l'on vit forcement un peu différemment. Il fallait laisser retomber un petit peu." Mais pas question pour autant de s'expliquer. Raymond Domenech s'occupe d'enfants du côté de Boulogne, un club à qui il a versé une partie de ses primes issues de sa participation à la Coupe du monde.

Sa popularité et son impopularité

Christophe Hondelatte enchaîne, et demande à l'ancien joueur comment il a vécu et géré le fait d'être l'une des personnes les plus détestées en France... et à travers le monde ! Et visiblement, cette idée serait totalement fausse, Raymond Domenech ne recevant que des messages de soutien et d'encouragement dans sa vie quotidienne : "Je ne me suis pas posé ce genre de questions. Je vis, je rencontre des gens. Je ne raisonne pas comme ça. Je vois le volet de la vie de tous les jours. Les gens qui s'engagent dans ce métier d'entraineur, si ils ne prennent pas un peu de hauteur, ils sont morts (...) Un jour, on est extraordinaire, et le lendemain, on est pire que tout. On le sait. Il faut du détachement, du recul, de la sérénité. Sinon, on ne fait pas ce métier (...) Je prends le métro, je vais au supermarché. Je vis normalement. Je n'ai que des gens qui me serrent la main, qui veulent faire des photos, qui me soutiennent."

Et idem pour cette croyance qui veut que l'ancien sélectionneur n'aime pas les journalistes, lui qui a un temps tenu une chronique dans le Monde durant la Coupe du monde 98 et qui a pu apprécier les difficultés du métier. Sans compter son argument ultime, sa compagne, Estelle Denis, étant elle-même journaliste... "On n'a pas les mêmes points de vue. Moi j'accepte certaines choses mais pas que l'on mette en doute mon honnêteté, mon intégrité. Qu'on dise que le match est pas bon ou que l'on aurait dû jouer autrement, je l'accepte. Il faut arrêter cette idée que je suis en opposition avec les médias", poursuit-il ainsi.

Son avenir

Sans coup férir, l'homme de 59 ans aborde son avenir et ses reconversions. Pas question de faire l'acteur à l'instar d'un Eric Cantona, même s'il aime se mettre en situation. "J'aime le théâtre, mais ce n'est pas mon métier. Je peux faire occasionnellement un truc pour me faire plaisir mais ce métier d'acteur, il ne faut pas le galvauder, c'est un vrai métier", explique-t-il. Car son métier, c'est entraîner. Et l'homme, plein d'ambition, se verrait bien amener un second club parisien en première division... "Mon rêve, c'est le deuxième club parisien. Il y a un seul club à Paris, pour 10 à Londres, 2 à Barcelone, 2 à Madrid. Avoir une rivalité dans la même ville entre deux clubs parisiens, cela serait bien. Je pourrais même les prendre en CFA ou en DH si le projet est bon."

Mais peut-être a-t-on échappé au pire... Car Raymond Domenech se serait bien vu en politique. Et son programme est tout trouvé : le sport au coeur de la politique. "Le candidat qui me propose de faire un gouvernement centré autour du sport parce que le sport touche l'éducation, la santé, le ministère de l'Intérieur pour les incivilités. Moi, je le mettrais en premier. Le sport est un vecteur extraordinaire de socialisation. Mettons les gens au sport dès le plus jeune âge. Dans les écoles primaires, ce sont les institutrices qui font la gym alors qu'elles ne sont pas formées pour ça. Il faudrait intégrer des éducateurs. La priorité, c'est le développement de notre jeunesse."

Pour éviter des comportements tel que l'on a pu le voir dans le bus de Knysna ?