Hier soir, jeudi 3 mars 2011, à Vienne, en Autriche, le gotha viennois a ressorti ses plus belles robes de bal et ses plus élégantes queues-de-pie à l'occasion du 55e Bal de l'Opéra de Vienne, un événement qui fait chaque année la part belle aux vedettes de la scène classique viennoise, tout en étant aussi "incrusté" cette année, et comme nous vous l'annoncions, par la nouvelle égérie des pages people transalpine.
En effet, la jeune femme la plus regardée de la soirée était assurément l'ex-call-girl maroco-italienne Ruby, de son vrai nom Karima El-Mahroug, celle-là même qui est aujourd'hui au coeur d'une enquête judiciaire visant le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, qui comparaîtra le 6 avril devant la justice italienne pour prostitution sur mineure. Même si le Chef d'Etat italien semble convaincu de pouvoir prouver la majorité de la jeune femme au moment de leur rencontre, déclarant notamment : "J'ai la preuve qu'elle a été déclarée à l'état civil marocain deux ans après sa naissance", cette affaire pourrait précipiter la chute du Cavaliere.
La jeune femme était la médiatique invitée du milliardaire autrichien Richard Lugner, qui a payé la jeune femme 40 000 euros pour s'offrir sa présence à son bras. Vêtue d'une longue robe dorée, la jeune femme de 18 ans a sensiblement "parasité" l'attention des journalistes comme des simples participants de cette manifestation habituellement glamour et élégante. Sous la loge de Richard Lugner, tous se pressaient en effet pour la photographier ou obtenir un autographe. Une débutante du bal est allée jusqu'à lui faire signer son bouquet.
Dans l'assistance, les avis étaient mitigés, certains louant sa "beauté" (c'est vrai qu'elle est pas mal la Ruby), d'autres qualifiant sa venue de "catastrophe". Le public devrait pourtant être habitué aux frasques de l'excentrique Lugner, qui aime s'attirer les projecteurs chaque année avec des invitées plus ou moins sulfureuses, comme l'actrice Pamela Anderson, l'héritière Paris Hilton ou encore l'effeuilleuse Dita Von Teese, lors de précédentes éditions.
Autre invité de Richard Lugner, l'acteur américain Larry Hagman, resté dans les mémoires comme l'antipathique J.R. Ewing de la série Dallas, mais la présence de cette star n'a pas suffi à faire de l'ombre à Ruby. La jeune femme n'a pas semblé dérangée par l'intérêt particulier qu'elle a suscitée et s'est contentée de répondre calmement qu'elle trouvait le bal "magnifique". Le Staatsoper s'était en effet paré de ses plus beaux atours avec sa salle transformée en piste de danse et décorée de près de 50 000 fleurs venues de Madagascar.
Le Français Dominique Meyer a souhaité marquer son premier bal en tant que directeur de l'Opéra en mettant davantage l'accent sur la culture que sur le glamour. Dans cette optique, un ballet a pour la première fois été donné à l'ouverture de "l'Opernball", avec sur scène le directeur de la danse en personne, l'ex-danseur-étoile français Français Manuel Legris, ainsi que la mezzo-soprano lettone Elina Garanca, très applaudie pour les deux airs qu'elle a interprétés.
Autre nouveauté, l'Orchestre philharmonique de Vienne, autre symbole de la tradition viennoise, a interprété plusieurs morceaux à l'ouverture du bal. Les 144 couples de débutants, queues de pie et longues robes blanches de mise, ont ouvert les festivités en lançant au public le traditionnel "Alles Walzer" ("Tout pour la valse") sur l'emblématique valse du Beau Danube bleu, de Strauss.
Parmi les personnalités présentes, il en est une qui a su apprécier tout particulièrement le programme musical de la soirée : le prodige chinois du piano Lang Lang, qui a souligné la "très haute qualité" du programme. D'autres invités de marque étaient présents comme la soprano russe Anna Netrebko, chouchoute du public viennois, et son mari, le baryton-basse uruguayen Erwin Schrott. Le monde politique n'était pas en reste, avec le président autrichien Heinz Fischer, le chancelier Werner Faymann, ainsi que le ministre hongrois des Affaires étrangères, Janos Martonyi.
Pour cette soirée, la plus courue des quelques 300 bals de l'hiver, pas moins de 6 600 coupes de champagne, 1 900 bouteilles de vin et 1 800 paires de saucisses ont été commandés pour satisfaire entre deux valses les 5 000 participants qui ont chacun déboursé entre 230 euros la simple entrée et 17 000 euros la loge.
Une bonne raison pour en profiter le plus possible, c'est-à-dire jusqu'à 5 heures du matin, heure à laquelle les derniers convives ont été priés de quitter l'Opéra pour les rues glaciales de l'hiver viennois... mais que la ravissante Ruby aura eu le talent de réchauffer, comme si de rien n'était.
Toutes les photos de cette prestigieuse soirée sont visibles sur ce lien.