Privé de patronne depuis trop longtemps, après la retraite sportive de Justine Henin puis l'année "sabbatique" cauchemardesque de Serena Williams suite à une blessure en juillet 2010 après son sacre à Wimbledon, aggravée début 2011 par une embolie pulmonaire, le circuit WTA s'est accoutumé à voir, depuis l'automne dernier, la Danoise Caroline Wozniacki jouer ce rôle. Un intérim très détendu et sans panache, et sans le moindre tournoi du Grand Chelem remporté dans sa carrière, pour la girlfriend du nouveau ténor du golf Rory McIlroy. Une reine de la balle jaune sans grande légitimité, mais sans grande contestation non plus. Et soudain, le tennis féminin frémit, se sent revivre, sent monter l'adrénaline : Serena Williams vient de renvoyer l'actuelle numéro un mondial à son paradoxe et disputera la finale de l'US Open, un Majeur qu'elle a remporté trois fois (1999, 2002, 2008) en quatre finales jouées (battue par sa soeur Venus en 2001).
Tandis que Rafael Nadal, vainqueur d'Andy Murray, et Novak Djokovic, tombeur de Roger Federer en cinq sets époustouflants et après avoir sauvé deux balles de match, en découdront dans le tableau masculin dans un remake de la finale 2010, le come-back de l'Américaine sur la dernière marche du tournoi new-yorkais a tout d'un symbole : en 2008, c'est son triomphe à Flushing Meadows qui lui avait permis de retrouver la place de numéro un mondiale. Cette fois, le sommet n'est pas à portée de raquette même en cas de triomphe, Serena ayant abandonné trop de points dans sa saison blanche, mais les circonstances de sa victoire implacable aux dépens de Wozniacki, finaliste au Billie Jean King Tennis Center en 2009, annonce la fin de cet ère incertaine. Le site officiel du circuit féminin ne s'y trompe pas, entamant son compte-rendu du match par cette statistique éloquente : 34 points gagnants pour Serena Williams (et... 5 seulement pour son adversaire !), dont un bon nombre qu'elle est étonnamment venue chercher au filet. Une bonne preuve de son agressivité et de sa rage de vaincre. Résultat : l'affaire était pliée en 1h26, la numéro un mondiale s'écroulait sous les coups de boutoir (les "coups de fusil", dira la vaincue du service de son bourreau, qui signa 11 aces) de l'ancienne numéro un mondiale, de retour dans le Top 30 de la WTA en seulement 13 tournois disputés (soit 9 de moins que sa rivale du jour).
Auteure d'un parcours sans faille bien illustrée par son match de samedi soir, Serena Williams est de retour. Samantha Stosur n'a qu'à bien se tenir. D'autant que l'Australienne devra affronter Serena, qui l'a laminée en finale à Toronto mi-août, ce 11 septembre 2011 : "Cela veut dire beaucoup pour moi en tant qu'Américaine", avoue l'intéressée. On voit mal comment le trophée pourrait lui échapper.