La médiocrité du blockbuster Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008) n'aura pas vraiment eu la chance de passer inaperçu. Peu apprécié lors de sa sortie en salles, le come-back du célèbre aventurier était même descendu par Shia LaBeouf, choisi pour incarner le fils du héros. Incapable de la boucler, il avait expliqué que ce quatrième film avait abîmé la franchise à force de scènes improbables, avant d'être traité de "putain d'idiot" par le vieux loup Harrison Ford. L'affaire semblait classée lorsque Steven Spielberg lui-même avouait ne pas être entièrement convaincu par son propre film. Mais Shia LaBeouf souhaite désormais s'excuser.
C'était pendant la conférence de presse de Wall Street : L'argent ne dort jamais (2010) au Festival de Cannes 2010 que Shia LaBeouf avait lâché la bombe. Personne n'avait pu passer à côté des énormes défauts du quatrième Indiana Jones mais l'idée de voir la star montante des Transformers descendre un film de Spielberg était culottée. Plus de deux ans après, l'acteur semble encore hanté par ses propres paroles puisqu'il avoue au Hollywood Reporter qu'il "regrette profondément" ses critiques : "Il m'a dit qu'il y avait un temps pour être une personne qui a son opinion, et un temps pour vendre des voitures. (...) Ça m'a libéré, mais ça m'a aussi violemment chamboulé parce que je regardais ce mec comme un mentor." Pas sûr que ses excuses arrangent toute l'histoire.
Néanmoins, Shia LaBeouf vogue vers de nouveaux horizons. Revenu à Cannes présenter le film indépendant Des hommes sans loi de John Hillcoat avec Tom Hardy et Jessica Chastain, l'acteur de 26 ans a tourné la page des studios. "C'est terminé", explique-t-il alors que Transformers 4 sera rebooté-remixé avec de tous nouveaux comédiens. "Il n'y a pas la place d'être un visionnaire dans le système des studios. Ça ne peut littéralement pas exister. Vous donnez à Terrence Malick un film comme Transformers, et il est foutu. Il n'y a aucun moyen pour lui d'exister dans ce monde."
Il ne manque pas de tirer son chapeau à la société de production Voltage Pictures, qui chapeaute ses prochains films, The Company You Keep de et avec Robert Redford (présenté hors-compétition à la Mostra de Venise) et The Necessary Death of Charly Countryman avec Evan Rachel Wood : "Ces mecs sont un miracle. Ils vous donnent l'argent, et vous font confiance." Une pratique qu'il oppose aux méthodes des studios, qui "vous donnent l'argent, puis montent dans un avion et viennent sur le plateau pour vous mettre un doigt dans le cul et vous harceler pendant cinq mois." La métaphore est claire : Shia LaBeouf ne veut plus entendre parler de blockbusters.
La prochaine étape de sa renaissance du côté indé sera d'ailleurs spectaculaire puisqu'il confirme avoir été casté dans The Nymphomaniac, le film érotico-pornographique en deux parties de Lars von Trier avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Willem Dafoe et Nicole Kidman. Un choix extrêmement fort qu'il explique sans détour : "Parce qu'il est dangereux. Il me fait peur. Et maintenant, je travaillerai uniquement quand je serai terrifié." À bon entendeur.